Makoto Ōoka, né le 16 février 1931 à Mishima dans la préfecture de Shizuoka et mort le 5 avril 2017, est un poète et critique littéraire japonais.
HOTEL BELVOIR
Une queue de brume qui pend sur le lac de Zurich
Les collines soudainement enveloppées des gravillons de l’averse
Jusqu’au tonnerre clamant son allégresse à coup de lueurs et de
tambours
Des moineaux de Suisse bien accordés dont le chant fuse par intervalles
(Ici tous les moineaux savent chanter
Au Japon ils ne font que gazouiller)
Monde inchangé depuis la nuit des temps
Là les eaux du lac reflètent des trouées de ciel bleu
qui pour gagner un mètre à peine se débattent
On dirait vraiment des voix humaines
(Hi no yuigon, 1994, Kashin-sha)
Ôoka Makoto (né en 1931), l’un des poètes les plus féconds du demi-siècle qui vient de s’écouler, n’a
cessé depuis son premier ouvrage, Kioku to genzaï (« Mémoire et présent », 1956) d’explorer à travers
une quinzaine de recueils d’une grande diversité de tons et de thèmes toutes les voies qui, sous l’in-
fluence de la poésie moderne occidentale notamment, se sont ouvertes durant ces dernières décennies
à l’expression poétique en langue japonaise.
LE TESTAMENT DU FEU
Flammes, suicidées joviales
Elles enserrent les corps, les lèchent
en ronronnant en ronflant d’euphorie
Puis une fois consommé tout ce qui pouvait leur servir de pitance
elles choisissent toujours la mort subite
et laissent ce testament au-dessus de leurs cendres…
Hommes, pitoyables individus
Dire que pour devenir des adultes à part entière
il leur faut bien vingt ou trente ans
Alors que moi Monsieur
dès ma naissance
je suis au sommet de la maturité
Après ma disparition
je ne laisse que de laides dépouilles
et c’est bien naturel, non ?
Car toutes les choses belles
je me charge de les emporter à jamais dans l’autre monde
(Hi no yuigon, 1994, Kashin-sha)
Outre un certain nombre de textes publiés dans
des revues, on pourra lire de lui les cinq ouvrages suivants :
Poèmes de tous les jours (anthologie poétique proposée et commentée par Ôoka Makoto), traduit par
Yves-Marie Allioux (Éditions Philippe Picquier, Arles, 1993).
Propos sur le vent, 17 poèmes traduits par Dominique Palmé (Éditions Brandes, Roubaix, 1995)
Poésie et poétique du Japon ancien (cinq leçons données au Collège de France), traduit par Domi-
nique Palmé (Éditions Maisonneuve et Larose, Paris, 1995).
Dans l’océan du silence, 24 poèmes choisis et traduits par Dominique Palmé (Éditions Voix d’Encre,
Montélimar, 1998).
Citadelle de lumière (anthologie personnelle d’Ôoka Makoto), 68 poèmes choisis par l’auteur et tra-
duits par Dominique Palmé (Éditions Philippe Picquier, Arles, 2002
Oh tout un magnifique poete et bien prolifique….j’aime bien
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Ravie de voir qu’il te plait 😊
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