Le Lundi, c’est poésie, Le Mois-Latino-Américain

Le Brésil, cet immense pays-continent est beaucoup plus connu pour son carnaval, ses musiques de samba, ses joueurs de foot que pour sa littérature ou sa poésie.

Celle-ci, pourtant, est bien vivante très active, et elle a su, au fil des siècles, se reconstruire constamment en partant de l’imitation de l’étranger, en particulier de l’Europe, berceau de sa langue d’adoption. Mais il est remarquable que dans ce pays de sangs mêlés où se côtoient sans cesse des traditions indiennes, africaines, et européennes de toutes latitudes, la langue portugaise ait trouvé le moyen de servir de support littéraire à tous les courants poétiques qui s’y sont succédés dans le temps, en un va-et-vient continuel entre forme et contenu, ou bien entre poétique formelle et celle de dénonciation et de protestation née de la répression politique.

Dispositions générales

La première loi, la peur
plus grande si elle
naît de bonne heure.

La deuxième, l’étonnement
qui ne cesse qu’en la tombe.

La troisième loi opprime
mais on en ignore le nom.

La quatrième loi, la haine
qui ne meurt que lorsqu’elle mord.

Le reste
survit
avec les vertus
théologales.
Visible, invisible,
l’exercice des facultés
s’exprime par le silence.

Et pourquoi pas,
si la faim
de nouer les mots
les avale dans la salive
et les rend esclaves ?

Trad. Maria Arminda de Sousa Aguiar – Carlos Nejar

In Anthologie de la nouvelle poésie brésilienne, © Ed. l’Harmattan, 1988, p.24

Source – La Pierre et le Sel

Carlos Nejar

Né en 1939 à Porto Alegre dans l’Etat du Rio Grande do Sul, son livre Sélesis publié en 1960 le classed’emblée comme l’une des grandes valeurs de la poésie brésilienne contemporaine, jugement confirmé en 1974, quand l’Union brésilienne des écrivains lui décerne le prix Fernando Chinâglia pour son œuvre O Poço do Calabouço.

Le critique et académicien Antônio Houaiss écrira à son sujet : « Tout bilan critique de notre poésie qui ne l’inclut pas et qui ne rehausse pas sa contribution exceptionnelle sera un bilan frustré. »

Il a continué à affirmer son talent avec une œuvre difficile mais originale, comprenant notamment Somos Poucos (1976), Arvore do Mundo (1977) Um Pais o Coraçào (1980). Sa poésie parle de l’angoisse de l’homme, dénonce un ordre social injuste et défend la liberté avec une personnalité qui rapproche ses œuvres de celles de Carlos Drummond de Andrade ou de Joâo Cabrai de Mélo Neto.

Il est membre de l’Académie brésilienne des Lettres et de l’Académie brésilienne de philosophie et titulaire d’un diplôme en études juridiques et sociales de l’Université Pontificale Catholique de Rio Grande do Sul.

Troisième poésie pour le Mois Latino-Américain chez Inganmic

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