Le cheminot de Jiro Asada

La ligne ferroviaire d’un petit village d’Hokkaido, sur laquelle a travaillé durant des années un chef de gare aujourd’hui retraité, va être fermée. Durant une froide nuit d’hiver, passé, présent et futur reviennent en mémoire du vieil homme, l’inondant de souvenirs heureux mais aussi douloureux.

Mon avis

Le récit est passionnant et Jiro Asada prend le temps nécessaire pour installer une émotion palpable. La grande force de ce titre est de nous faire vivre le quotidien d’un homme qui a passé toute sa vie à son travail et a laissé les drames s’accumuler à côté de lui sans pour autant craquer.

Sa dernière scène se vit, il voit arriver un jeune avec son ami, le chef de gare. Il est temps pour lui de laisser la place et de dire au-revoir à sa chère locomotive qui va aussi arrêter de rouler .

Ce scénariste est quelqu’un de peu prolifique dans le milieu des mangas. Qui plus est, l’histoire principale est complétée par une autre nommée La lettre d’amour qui, bien que plus légère, n’en est pas moins émouvante. Les dessins sont l’œuvre de Takumi Nagayasu . Ses traits sont fins, expressifs et l’on a réellement l’impression de sentir le froid des décors hivernaux.

Le manga est nostalgique, l’atmosphère est silencieuse (la gare déserte, la neige, le métal) et l’histoire se déroule avec précaution et parcimonie. C’est beau, touchant…

Le Cheminot – Jiro Asada – auteur – Takumi Nagayasu illustrateur – 272 pages – éditeur : Panini – Parution 10 octobre 2007 – One Shot

Un mois au Japon #7

Publicité

Monet, nomade de la lumière de Salvo Rubio & Efa

Je ne suis pas fan de BD, mais celle-ci m’a fait de l’œil.. J’aime la peinture, et je dois dire que j’ai aimé lire cette BD. Elle retrace la vie romancée du célèbre peintre que fut Monet.
La préface de cet ouvrage est écrite par le directeur de la « fondation Claude Monet »et du musée Giverny; En déplaçant la focale, en peignant les tableaux de l’artiste et ceux de ses amis d’un point de vue différent, Salva Ribio et Ricard Efa nous font découvrir les œuvres de Monet sous un jour nouveau » explique t-il. « A travers un subtil jeu de miroirs, où le peintre et ses œuvres deviennent à leur tour les modèles, ils nous offrent de pénétrer dans cet espace que Monet affectionnait tant, entre le motif et la toile… »


Pour Monet, le motif était secondaire. Il disait vouloir peindre avant tout une sensation, au détriment du détail.
a première planche de la BD est noire, pourquoi ? » le lecteur se retrouve dans les yeux de Monet. Des yeux que le peintre vieillissant et célèbre garde obstinément fermés. La raison? Il refuse de se faire opérer de la cataracte au moment où le docteur Coutela (ca ne s’invente pas) approche son couteau (Eh oui, à l’époque on taillait dans le vif sans anesthésie), car il redoute de perdre la vue, sa raison de vivre. L’ami qui l’accompagne et va finalement le convaincre après l’avoir traité de poule mouillée, n’est autre que celui qu’on surnommait le Tigre, un certain Clémenceau… »


On retrouve ici toute la vie de Monet, avec ses joies mais aussi ses peines à ne pas subvenir aux besoins de sa famille.
Ce roman graphique est suivi d’annotations portant sur les peintures.
Un bel ouvrage à lire et à relire pour apprécier toute la grandeur de Monet.

J’ai lu cette BD pour le défi de lectures,  » le printemps des artistes »crée par Marie-Anne du blog « La Bouche à Oreilles« 

Les Lendemains de Mélissa Da Costa

Ce que la vie prend, elle le redonne aussi.
Amande ne pensait pas que l’on pouvait avoir si mal. En se réfugiant dans une maison isolée en Auvergne pour vivre pleinement son chagrin, elle tombe par hasard sur les calendriers horticoles de l’ancienne propriétaire des lieux. Guidée par les annotations manuscrites de Madame Hugues, Amande s’attelle à redonner vie au vieux jardin abandonné. Au fil des saisons, elle va puiser dans ce contact avec la terre la force de renaître et de s’ouvrir à des rencontres uniques. Et chaque lendemain redevient une promesse d’avenir.

≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈

Amande se souviendra de ce 21 juin, ce jour où sa vie s’est écroulée. Une douleur l’a « habitée » plusieurs jours. Elle avait tout perdu, son mari, sa petite Manon qu’ils attendaient avec tellement d’impatience. Il a suffi de peu de choses pour que son monde s’écroule. Comment vivre après un tel drame ?

Comment font les gens? Comment peuvent-ils voir leur univers s’écrouler et reprendre leur vie à l’identique? Retourner au travail au bout de quelques jours, continuer de vivre dans le même appartement, fréquenter le même quartier… C’est au-dessus de mes forces.

Comment seront Les Lendemains ?

Une solution, partir loin, se réfugier seule, loin des siens . Elle loue une maison isolée en Auvergne, où la maison n’est plus habitée. Elle n’a qu’une hâte « être seule » dans le noir , les volets clos.

La souffrance est liée à notre désir de sécurité et de permanence. Accepter que tout est impermanent est un premier pas vers la cessation de la souffrance.

Par hasard, elle découvre les calendriers de Madame Hugues, qui annotait chaque jour des recettes de cuisine, des remèdes, ou l’art d’entretenir  son jardin.  Amande continue de lire les notes quotidiennement. Elle qui n’a jamais eu un coin de jardin, des idées commencent à germer, et si ..

Un petit pas en entraîne un autre, peu à peu elle revit. Chaque jours, des tâches s’imposent à elle.Amande va se mettre à semer, planter, récolter, créer et surtout s’émerveiller de ce pouvoir magique qu’il lui reste : faire naître quelque chose de ses mains. Au fil de ses rencontres toutes plus touchantes les unes que les autres, elle va apprendre à ré-éclore comme une fleur.

Melissa Da Costa sait jouer avec les mots.  Elle aborde la question du deuil avec sensibilité, un roman très touchant sur la résilience.

L’auteur a su me comblée par ce deuxième livre que je lis . Ce livre a une âme, il laisse des traces, comme tout le bleu du ciel. 

C’est un livre bouleversant, plein d’espoir, de douceur et de bienveillance. Al ire absolument.

Mélissa Da Costa – EAN : 9782226447104 – Éditeur : Albin Michel (26/02/2020)

 

Otages intimes de Jeanne Benameur

51rk4izztFL._SL160_« Il a de la chance. Il est vivant. Il rentre.Deux mots qui battent dans ses veines.

Je rentre. »

La liberté, tant attendue, mais quelle sera  t-elle ? Etienne  était  reporter, photographe de guerre. Lors d’un de ses reportages, il est enlevé, séquestré.

Puis après un temps , deux mois , on le libère. Il faut se reconstruire, réapprendre à vivre, sans avoir la peur au ventre. il faut trouver les moyens de dépasser ce traumatisme. Il va donc retourner dans le village de son enfance, dans la maison de ses parents. Sa mère n’y vit plus que seule. Son père était passionné par la mer, parti un jour, sans jamais revenir.

Il va retrouver Enzo, son ami d’enfance, qui travaille le bois, et joue du violoncelle. Puis Jofranka, l’ orpheline qui est devenue avocate à La Haye, pour aider les femmes victimes de la guerre, à témoigner sur leur vécu. Tous les trois jouent de la musique. Ils se retrouvent dans leur cocon.


Un roman à plusieurs voix où les thèmes se côtoient, se dispersent.

Etienne revient aux sources pour reprendre espoir, pour continuer cette vie.


Jeanne Benameur évoque aussi l’attente, pour ceux qui restent. Ils doivent continuer à vivre malgré  tout, sans savoir si celui qui est parti, reviendra un jour. Elle écrit dans une langue bien poétique.

 

Otages intimes: Jeanne Benameur

Editions : Actes Sud

Collection : Domaine français

ISBN: 978-2330053116

Parution ; août 2015 ( lu en octobre 2015)


Jeanne Benameur est une femme écrivain française née en 1952 en Algérie d’un père tunisien et d’une mère italienne.

Elle arrive en France à l’âge de 5 ans. Sa famille s’installe à La Rochelle. Sa triple origine, algérienne, italienne et française, est l’une de ses sources d’inspiration même si elle n’écrit qu’en français. Professeur de lettres jusqu’en 2001, elle a publié chez divers éditeurs, mais particulièrement Denoël en littérature générale, et les éditions Thierry Magnier. Elle est également directrice de collection, aux Éditions Thierry Magnier et chez Actes Sud-junior.
Elle a reçu en 2001 le Prix Unicef pour son roman Les Demeurées (Denoël, 2000).
Jeanne Benameur passe facilement, et volontiers, de la littérature dite « générale » à la « littérature pour la jeunesse »… Va-et- vient qui dans son cas constitue une continuité : plusieurs de ses romans sont construits en tableaux brefs, comme des flashes de mémoire et d’émotion ; elle s’attache à restituer les sensations à l’état brut ; les couleurs sont particulièrement présentes, presque obsessionnelles, dans son écriture.
Son autobiographie, ça t’apprendra à vivre, a été portée à la scène en 2006 par la compagnie La Poursuite.