Le Mois de l’Europe de l’Est, l’Ukraine

Je renouvelle ma participation à ce Mois de l’Europe de l’Est. Pour ce premier jour du mois de mars, on ne peut qu’évoquer ce pays, l’Ukraine durement touché par la guerre depuis un an.

De Paris à New York, l’hymne ukrainien résonne dans le monde entier. Un hymne qui porte en lui l’histoire de tout un pays. 🇺🇦

En photo ou sur les réseaux sociaux, vous avez peut-être vu passer cette petite fille au drapeau ukrainien, couronnée de fleurs, marchant sur des chars d’assaut. La patte derrière ce dessin, c’est celle de Seth.

Pour l’état civil, le street artiste français s’appelle Julien Malland. Obsédé par l’enfance, ce quinquagénaire ne fait d’ailleurs pas son âge.

Ce dessin date de février 2022. La Russie vient alors d’envahir l’Ukraine. Comme la guerre se joue aussi sur le terrain de l’iconographie, Julien Malland sort dans son quartier, le 13 arrondissement de Paris, en quête d’un mur sur lequel témoigner de son soutien à ses amis ukrainiens. Ce sera la rue Buot, où il peint cette petite fille qui, très vite, devient un “meme” : imprimée sur des t-shirts, dessinée dans un abri anti-bombes en Ukraine, croquée sur une pancarte devant la mairie de Kharkiv, elle fait le tour du monde. ( source France Culture)

Comment préserver le riche patrimoine ukrainien en temps de guerre et sauver ce qui peut l’être encore.

Publicité

Poésie de Ady Endre

Pierre lancée de haut

Pierre sans cesse relancée, du haut chutant sur le sol,

Mon petit pays, encore, toujours, ton fils rentre chez toi.

Il visite de tour en tour les pays lointains, 

pris de vertige, savoure le chagrin, et chute dans la poussière dont il fut.

Ne cesse de désirer le loin et il ne peut s’enfuir,

Avec ses désirs hongrois qui s’apaisent et de nouveau ;

Je suis à toi dans ma colère faramineuse,

ma grande infidélité, ma peine amoureuse, mornement magyar.

Ainsi, s’écriait Endre Ady, frère des peuples danubiens. 

Endre Ady est connu en France sous le nom de André Ady, poète hongrois né en 1877 et décédé en 1919 à Budapest.

Issu de la petite noblesse calviniste, ce jeune journaliste de province s’était rendu, en 1904, à Paris pour y retrouver Adèle Brüll, une Hongroise mariée, qu’il devait célébrer sous le nom de Léda. Il y découvrit une civilisation supérieure, les institutions républicaines, l’héritage baudelairien. Ces expériences déchirantes – auxquelles s’ajouta la révélation des atteintes irrémédiables de la syphilis – lui firent prendre conscience de son génie et lui indiquèrent une voie majeure pour l’engagement. Poèmes nouveaux (1906), choquèrent les traditionalistes par la sensualité morbide de l’amour sado-masochiste ; ils déchaînèrent la fureur des nationalistes conservateurs par le parallèle désobligeant que l’auteur s’était acharné à dresser entre Paris « ville sacrée de beaux émerveillements », et Budapest « ville-malédiction », voire la Hongrie toute entière, « cimetière des âmes ». Pour sortir de son état arriéré, le pays devait se remettre en question, se renouveler socialement, intellectuellement. « Sang et or » (1907), prépara le chemin à la revue Nyugat dont Ady, proche des radicaux en politique, devint le chef de file incontesté. Il n’en demeura pas moins aussi le poète de la fin d’un monde, au temps surtout de la Grande Guerre dont cet homme gravement malade, usé par la névrose, par l’alcool, se voulut à la fois le témoin halluciné et la victime expiatoire.

.

Une poésie Tchèque avec Yvan Blatny

Les lieux

Les lieux que nous avons quittés continuent à vivre.
Le cheval file, l’enfant crie, la mère ouvre la porte
« Ce n’est pas là, ce n’est pas là, alors je ne sais pas ce
que c’est devenu. » Ils cherchent.
Ils cherchent quelque chose, s’agitent à travers le logis.
Ils cherchent les lieux que nous avons quittés, les lieux
où nous étions autrefois.
Ils courent à la gare et pensent : la maison.
La maison est restée.
Où s’en vont-ils ?
À l’enterrement de la sœur. Pour toujours. Chez le fils.
La grand-mère reste. La grand-mère, ils ne
l’emmènent pas.
Ils laissent chez eux siffler Mélusine.
L’horloge, ils ne l’emmènent pas.
L’horloge sonne dans une pièce vide.

(traduction Erika Abrams, Éditions Orphée La Différence)

Yvan Blatny était né le 21 décembre 1919 à Brno en Moravie, ville natale de Leos Janacek. Il était le fils d’un écrivain célèbre, l’auteur expressionniste Lev Blatny (1894-1930). Il fut très tôt orphelin, élevé par sa grand-mère. Dès le lycée il écrit des poèmes. Parfaitement bilingue, tchèque et allemand, il maîtrisait remarquablement le français et l’anglais. C’est dans cette langue qu’il publia plus tard quelques poèmes. Il fut vite reconnu comme poète prodige dans le sillage de Jaroslav Seifert, mais aussi de la poésie contemporaine française, surtout Apollinaire qui le fascinait. Ses études universitaires furent interrompues par la fermeture des universités en 1939. Il a commencé pour vivre de travailler dans le magasin d’optique de ses grands parents.
L’invasion nazie le contraint à la clandestinité En 1942 il rejoint le « groupe 42 », comprenant poètes, peintres, et philosophes. Comme d’autres il crût à des lendemains qui chantent à la libération de son pays. Mais la prise du pouvoir par les communistes en 1948 (coup de Prague) lui fait rapidement comprendre qu’il ne sera qu’esclave en son pays. Profitant de l’attribution d’une bourse d’études pour l’Angleterre, il choisit l’exil définitif en mars 1948. Il voulait fuir ce qu’il appelle « la terreur froide ». Il obtint l’asile politique. Sa vie en Angleterre fut tragique, crucifié entre pauvreté extrême et maladie. Souffrant de syndromes constants de persécution (schizophrénie), il sombre dans la maladie mentale.

En 1977 il est transféré à l’hôpital St. Clement’s Hospital, Bixley Ward – Warren House, à Ipswich. La rencontre avec des amis lui permet de sauver ses manuscrits qui jusqu’alors étaient détruits par les aides-soignants.
En 1979 il peut publier au Canada Anciennes Demeures (Former homes). En 1982 la BBC réalise un documentaire sur lui. Et ses livres sont toujours interdits à Prague à cette époque.

Poésie du lundi, mois de l’Europe de l’Est

Poète Russe : Anna Akhmatova

Courage

Nous savons ce qui maintenant est en balance
Et ce qui maintenant s’accomplit.
Nos horloges sonnent l’heure du courage,
Et le courage ne nous abandonnera pas.
Il n’est pas terrible de tomber sous les balles,
Il n’est pas amer de rester sans toit,
Et nous te garderons, langue russe,
Immense parole russe.
Nous te porterons libre et pure,
Nous te transmettrons à nos descendants,
Et nous te sauverons de la captivité,
À jamais.

Extrait de Requiem : Poème sans héros

Anna Akhmatova est née à Odessa le 23/06/1889. Elle est une des plus importantes poétesses russes du XXe siècle. Égérie des acméistes, surnommée la « reine de la Neva » ou « l’Âme de l’Âge d’Argent », Anna Akhmatova demeure aujourd’hui encore l’une des plus grandes figures féminines de la littérature russe.

Elle étudie le droit à l’Université de Kiev puis la littérature et l’histoire à Saint Pétersbourg. Très jeune, elle y fréquente salons et cafés littéraires, publie des vers dans les revues. Ses premiers livres, Soir (1912), Chapelet (1914) rencontrent un accueil fervent. Réservée à l’égard de l’inspiration idéologique de la révolution, Akhmatova refuse cependant de suivre dans l’émigration ou l’opposition, la plupart des écrivains de sa tendance.

En 1922, sa poésie est interdite de publication par les autorités soviétiques. Elle continue toutefois à écrire et vit de traductions (notamment celles de V. Hugo ou de R. Tagore).

Après la mort de Staline, en mars 1953, Anna Akhmatova est lentement réhabilitée et réapparaît progressivement sur la scène littéraire soviétique. Elle poursuit alors la composition de ses ouvrages les plus importants, Poèmes sans héros et Requiem, des œuvres en hommage aux victimes de la terreur stalinienne.

Elle s’éteint le 5 mars 1966 à Moscou.

Le mois de l’Europe de l’Est, peintures de Liliana Rusu

J’ai accueilli il y a quelques années les peintures de Liliana Rusu, dans le cadre du Festival  du Printemps Balkanique qui se tient tous les ans en Normandie.

Voici quelques photos :

 

Liliana est roumaine.

« J’utilise la peinture comme moyen principal de présenter des concepts contemporains auxquels je m’intéresse : l’identité, la communication, l’espace, le message, liés a l’environnement urbain. Après une Maitrise en Arts Plastiques, j’ai continué à être présente dans plusieurs expositions d’arts contemporains en Europe. J’ai développé ma pratique artistique avec des projets qui cherchaient a présenter mes propres réponses à des questions contemporaines liées a l’identité et à l’espace urbain. « – Source ici