Rentrée Littéraire 2022, Dis-moi pour qui j’existe de Abdourahman A.Waberi

Présentation de l’éditeur ;

Aden est un professeur épanoui et un père heureux.
Mais la maladie subite de sa fille réveille des souffrances anciennes. Lui aussi, enfant, est tombé malade et soudain, son corps se souvient de tout : de la vie à Djibouti, du garçon solitaire qu’il était, de la seule douceur d’une grand-mère, du réconfort des livres.
Chaque jour, il téléphone et écrit à sa fille. Il lui raconte les paysages de sa jeunesse, convoque les mânes de ses ancêtres, faiseurs de pluie ; elle lui parle de son quotidien, l’impatience de courir à nouveau. Le père retranscrit leurs mots pour garder une trace de la lutte et vaincre le mal grâce à ce qu’ils ont de plus précieux : l’espoir.

Mon avis :

J’ai retrouvé avec plaisir l’écriture de Abdourahman A.Waberi, c’est la première fois qu’il se confie, qu’il écrit une auto-fiction. Il nous parle de sa vie passée, et de sa vie présente, avec sa fille, Béa qui connait comme lui les affres d’une maladie.

Écrire un livre c’est prolonger une vibration profonde et souterraine ; lorsqu’on met le doigt sur la corde, beaucoup.sa vibration s’arrête, de nombreuses personnes m’ont aidé à maintenir la résonance vivante, palpitante.

Ce livre révèle la bienveillance, l’amour d’un père à sa fille. Nous allons lire alternativement les récits de vie de Aden, le papa et de Béa, sa fille, sous la plume poétique et charmeuse de Abdourahman A.Waberi.

Aden, né à Djibouti, il a passé son enfance avec sa grand mère qu’il a surnommée Cochise en hommage au grand chef indien. Sa mère ne sait que faire de ce petit qui pleure et qui souffre. Son père rentrait tard le soir, et ne s’occupait guère de son enfant. Quand il est rentré à l’école, il est affublé de toute sorte de surnom.A sept ans une maladie fut diagnostiquée, poliomyélite. Il ne sera pas comme les autres enfants, il vivra toujours avec un handicap.

Aden est nostalgique de sa vie passée à Djibouti. Il raconte beaucoup . Il souhaite transmettre à sa fille, l’amour des livres, mais aussi son amour pour cette belle langue française, qu’il chérit. Il aimait emprunter des livres à la bibliothèque , afin de pouvoir rêver.Il lui dira que ce sont les livres qui lui ont permis des voyages, d’échapper à la souffrance tant morale que physique. Il offre un beau cadeau à sa fille, le récit de sa vie, toute en poésie.

Alternativement, le récit d’ Aden est coupé par celui de Béa.

Béa se bat se bat contre la maladie qui l’empêche de marcher, de vivre comme une petite fille. Elle est entourée de parents aimants. Même si son papa vit la plupart du temps à Washington, elle échange soit par écrit, soit en direct avec lui. Bien qu’ayant seulement 7 ans, Béa est lucide. Elle ne vit pas comme les autres petites filles. Elle est entourée de bienveillance et d’amour.

Cette belle leçon de transmission révèle que la littérature est aussi un art.

J’ai aimé ce livre, en savoir un peu plus sur cet homme. Je l’ai rencontré il y a quelques années, et j’avais lu certains de ses livres. Ce livre révèle une belle histoire de famille , de génération, et surtout de nos origines.

Merci à NetGalley et aux Editions JC Lattés , de m’avoir permis de découvrir cette auto-fiction de Abdourahman A.Waberi .

#Dismoipourquijexiste #NetGalleyFrance

Abdourahman A. Waberi a « l’ identité multiple ». Né français en 1965 à Djibouti, alors toujours sous l’autorité de la France, il se retrouve djiboutien au moment de l’indépendance du pays en 1977. Étudiant puis professeur d’anglais dans l’hexagone, il recouvre la nationalité française après son mariage en 1991 en Normandie. Critique politique proche de l’opposition, il garde des rapports complexes et tendus avec la République de Djibouti et ses publications, engagées, dénoncent avec virulence les déchirements et les errances d’un pays à la dérive, ( Source – Étonnants Voyageurs)

Extraits :

Aden :Écrire c’est dérober du temps à la routine, si écrire c’est tourner le dos à la vie pour la plupart des gens, pour moi c’est tout le contraire. L’écriture est le terreau où mes jours sont plantés, l’humus où la poudre de mes os est jetée. Et le silo où l’or de mes Songes est enfoui. Écrire c’est ouvrir un atelier permanent pour apprendre à vivre, page après page, jour après jour.

Papa,Aujourd’hui, j’ai eu une journée super ennuyeuse. Je n’aime pas les mercredis. On a attendu longtemps le passage du médecin et il n’est arrivé qu’à 14 heures. C’était un nouveau. Il avait une casquette ridicule, je crois qu’il est chauve mais il a quand même une petite mèche qui lui tombe sur le front en virgule. Il m’a pris la température. Puis, il n’a rien dit, et il ne m’a rien donné. Maman est presque fâchée mais je crois qu’elle est surtout morte d’inquiétude. On a attendu longtemps pour rien. Nous étions comme deux petites mouches prises dans une toile d’araignée. Ma journée a été super ennuyeuse jusqu’au bout.

Buongiorno mio papa ,Mamma est contente. Elle dit qu’elle sort la tête de l’eau depuis que la nonna est avec nous. Hier, elle nous a laissées ensemble. Nous nous sommes bien débrouillées. La présence de la nonna et les histoires sur ta grand-mère me font du bien, pense-t-elle. Elle dit que depuis que je ne peux plus quitter cette foutue chambre, je m’accroche à tout ce que je peux. Que j’adorerais quitter cet hôpital qui est une sorte de prison mais que je haïrais par-dessus tout retourner dans la poussette que j’ai utilisée quelques années plus tôt parce que je suis incapable de marcher. Parce que mes articulations ne me laissent pas d’autre choix. Pas moyen de faire quelques pas avec mes genoux douloureux, mes chevilles enflées et mes hanches bloquées. Quand je retournerai dans la poussette, j’avalerai toute sa honte. Je préférerais affronter le regard stigmatisant des autres enfants que de mettre un pas mal assuré après l’autre. Me tenir toute droite me demanderait une grande énergie. D’où la poussette à ressortir du garage. D’où les réflexions stupides de certains voisins : « À son âge, en poussette ? »

Dis-moi pour qui j’existe Abdourahman A.Waberi Editions JC Lattés – 24 août 2022 – ISBN – 9782709669445

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Vagabondage autour de soi

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S’adapter de Clara Dupont – Monot

Un jour, dans les Cévennes, un enfant est né. Il suffira de quelques mois pour s’apercevoir que cet enfant est différent. Il ne semble pas voir , il ne gazouille pas, il ne grandit pas.

Un jour, alors qu’il se reposait dans son transat, sa mère s’agenouilla. Elle tenait une orange. Doucement, elle passa le fruit devant lui. Les grands yeux noirs n’accrochaient rien. Ils regardaient autre chose. Personne n’aurait su dire quoi. Elle passa encore l’orange, plusieurs fois. Elle tenait la preuve que l’enfant voyait mal ou pas du tout.

Dans ce roman, ce sont les pierres qui racontent la vie de cette famille, elles vont être témoins du bouleversement de cette famille, où il y a le père, la mère, l’ainé, la cadette, l’enfant, la grand-mère, les cousins. Personne n’est nommé.

Chacun a son rôle défini, l’ainé s’occupe de l’enfant. Il s’investit dans ses tâches , il le change, il lui parle, lui fait découvrir la nature, les sons. Il est fusionnel avec l’enfant. La cadette fuit, elle trouve refuge auprès de sa grand-mère.

L’enfant a dû être placé dans une institution, tenue par des religieuses. Le handicap de l’enfant le condamne à une courte vie. Il disparaît vers l’âge de 10 ans. Peu de temps après, nait le dernier. Il sait que l’enfant a vécu, sa présence est là. Quelques photographies, des non-dits , l’existence du disparu a traumatisé les parents .

Jusqu’au jour où la mère dit  » Un blessé, une frondeuse, un inadapté et un sorcier. Joli travail ».

J’ai été très émue par la première partie du livre, où l’ainé s’occupe avec minutie de l’enfant. Il est presque une seconde maman. Il a été le premier à voir que son petit frère entendait, qu’il sentait les odeurs. Il l’emmènera au bord de la rivière, toujours avec beaucoup de bienveillance. Il lui montrera la nature. Son rôle de protection l’a isolé des autres, ce n’est que des années plus tard qu’il se « réconciliera  » avec sa famille.

Clara Dupont-Monot écrit avec beaucoup de délicatesse et de poésie. La beauté du texte rend un hommage à tous ces êtres de l’ombre, qu’on n’a tendance à oublier ou ne pas voir. Une pensée aussi pour toutes ces familles qui n’arrivent pas à se faire entendre malgré leur désarroi face aux épreuves qu’elles doivent subir.

Clara Dupont-Monod EAN : 9782234089549
200 pages
Stock (25/08/2021)

Prix Goncourt des lycéens 2021, Prix Femina 2021, Prix Landerneau 2021

C’est l’histoire d’un enfant aux yeux noirs qui flottent, et s’échappent dans le vague, un enfant toujours allongé, aux joues douces et rebondies, aux jambes translucides et veinées de bleu, au filet de voix haut, aux pieds recourbés et au palais creux, un bébé éternel, un enfant inadapté qui trace une frontière invisible entre sa famille et les autres. C’est l’histoire de sa place dans la maison cévenole où il naît, au milieu de la nature puissante et des montagnes protectrices ; de sa place dans la fratrie et dans les enfances bouleversées. Celle de l’aîné qui fusionne avec l’enfant, qui, joue contre joue, attentionné et presque siamois, s’y attache, s’y abandonne et s’y perd. Celle de la cadette, en qui s’implante le dégoût et la colère, le rejet de l’enfant qui aspire la joie de ses parents et l’énergie de l’aîné. Celle du petit dernier qui vit dans l’ombre des fantômes familiaux tout en portant la renaissance d’un présent hors de la mémoire.

Comme dans un conte, les pierres de la cour témoignent. Comme dans les contes, la force vient des enfants, de l’amour fou de l’aîné qui protège, de la cadette révoltée qui rejettera le chagrin pour sauver la famille à la dérive. Du dernier qui saura réconcilier les histoires.

La naissance d’un enfant handicapé racontée par sa fratrie.

Les Lendemains de Mélissa Da Costa

Ce que la vie prend, elle le redonne aussi.
Amande ne pensait pas que l’on pouvait avoir si mal. En se réfugiant dans une maison isolée en Auvergne pour vivre pleinement son chagrin, elle tombe par hasard sur les calendriers horticoles de l’ancienne propriétaire des lieux. Guidée par les annotations manuscrites de Madame Hugues, Amande s’attelle à redonner vie au vieux jardin abandonné. Au fil des saisons, elle va puiser dans ce contact avec la terre la force de renaître et de s’ouvrir à des rencontres uniques. Et chaque lendemain redevient une promesse d’avenir.

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Amande se souviendra de ce 21 juin, ce jour où sa vie s’est écroulée. Une douleur l’a « habitée » plusieurs jours. Elle avait tout perdu, son mari, sa petite Manon qu’ils attendaient avec tellement d’impatience. Il a suffi de peu de choses pour que son monde s’écroule. Comment vivre après un tel drame ?

Comment font les gens? Comment peuvent-ils voir leur univers s’écrouler et reprendre leur vie à l’identique? Retourner au travail au bout de quelques jours, continuer de vivre dans le même appartement, fréquenter le même quartier… C’est au-dessus de mes forces.

Comment seront Les Lendemains ?

Une solution, partir loin, se réfugier seule, loin des siens . Elle loue une maison isolée en Auvergne, où la maison n’est plus habitée. Elle n’a qu’une hâte « être seule » dans le noir , les volets clos.

La souffrance est liée à notre désir de sécurité et de permanence. Accepter que tout est impermanent est un premier pas vers la cessation de la souffrance.

Par hasard, elle découvre les calendriers de Madame Hugues, qui annotait chaque jour des recettes de cuisine, des remèdes, ou l’art d’entretenir  son jardin.  Amande continue de lire les notes quotidiennement. Elle qui n’a jamais eu un coin de jardin, des idées commencent à germer, et si ..

Un petit pas en entraîne un autre, peu à peu elle revit. Chaque jours, des tâches s’imposent à elle.Amande va se mettre à semer, planter, récolter, créer et surtout s’émerveiller de ce pouvoir magique qu’il lui reste : faire naître quelque chose de ses mains. Au fil de ses rencontres toutes plus touchantes les unes que les autres, elle va apprendre à ré-éclore comme une fleur.

Melissa Da Costa sait jouer avec les mots.  Elle aborde la question du deuil avec sensibilité, un roman très touchant sur la résilience.

L’auteur a su me comblée par ce deuxième livre que je lis . Ce livre a une âme, il laisse des traces, comme tout le bleu du ciel. 

C’est un livre bouleversant, plein d’espoir, de douceur et de bienveillance. Al ire absolument.

Mélissa Da Costa – EAN : 9782226447104 – Éditeur : Albin Michel (26/02/2020)

 

Quart de frère,quart de sœur: tome 1, une rivale inattendue de Sophie Adriansen

couv54225578Je remercie NetGalley et les éditions Slalom pour cette découverte.

Synopsis : Pas de bol ! Viviane, originale, impertinente et très drôle, qui vient d’arriver des Antilles avec son père et son frère, est prise en grippe par Arthur, élu « le plus cool de l’école » et qui a peur que son titre soit menacé par la nouvelle que tout le monde a envie de connaître. De petites histoires en grandes bagarres, l’histoire d’amitié entre ces deux-là est très compromise. Contrairement, à celle de leurs parents qui se font les yeux doux à la sortie de l’école. Alors qu’il rêve que sa maman ne soit plus seule, Arthur voit ce rapprochement d’un mauvais œil. Quant à Viviane, elle espérait mieux pour son papa que la mère de ce vantard d’Arthur en guise de première connaissance dans ce nouveau pays.

C’est avec bonheur que j’ai découvert l’univers de Viviane et d’Arthur. Deux enfants dont la rencontre fut au début pas des plus faciles. Arthur règne dans l’école dans sa classe depuis le CP,  élu, l’élève le plus cool de l’école. La nouvelle, Viviane, qui arrive, va tout chambouler. Viviane est vive, elle respire la joie de vivre qu’elle transmet. Elle vient des îles , elle est innovatrice. Elle va peu à peu déstabiliser Arthur qui vivotait « cool » dans son quotidien.  Viviane attire la sympathie du reste de la classe.

Ils ont quand même un point commun, ils sont têtus et ont du mal à se remettre en question.

Mais si ce n’était que l’école qui les perturbait, ce n’est pas tout. Il semblerait que leurs parents se soient  rappochés. Les mises en scènes de ces enfants sont très amusantes. Ils ne se supportent pas à l’école, alors maintenant ils vont « devoir » vivre ensemble. Nous le saurons au prochain livre.

Sophie Adriesen développe des points importants dans notre vie actuelle: les différences, la famille recomposée. Je suis curieuse de découvrir la suite de cette série, qui sera pleine de rebondissements.

Je l’ai lu en version numérique, et l’achèterai en version papier.

Roman jeunesse à partir de 9 ans.

Quart de frère quart de sœur tome 1 : la rivale inattendue de Sophie Adriensen – éditions Slalom – février 2017 – ISBN ;978-2375540602

 

 

Léontine de Christine Davenier

9782877678797_1_mUn petit cochon, elle s’appelle « Léontine « , mais elle a une drôle de couleur. Vous voyez bien, elle est jaune. Dans sa famille ils sont tous roses, « à l’exception de Léontine « .

Complètement différente, elle ne se roule pas dans la boue, comme ses frères.  » Léontine gambille ».

Elle aimerait ressembler à un cochon comme les autres, comment devenir « rose », en se roulant dans les fraises, mais non. Elle est toujours jaune. D’autres idées germent dans sa tête. Elle essaye, mais Léontine n’a toujours pas « la vraie couleur des cochons ».

Mais Léontine a certainement des talents cachés, puisque lors d’un anniversaire une bande de copains virevoltent autour d’elle et lui disent :

« Tu es vraiment unique, Léontine….et totalement géniale ! »

Pour connaître l’histoire de Léontine, lisez cet album. qui traite de la différence, de la famille, de la tristesse mais aussi de la joie.

Léontine : Christine Davenier

Editions Kaléidoscope –   17 Février 2016

ISBN: 97828776787

A partir de 3 ans.

 

 

Christine Davenier est née en 1961 à Tours. Elle a fait ses études à Paris aux Arts appliqués, puis aux Etats-Unis. Illustratrice de plusieurs ouvrages pour enfants, elle a également été institutrice.

 

 

 

 

Merci à l’opération  » Masse critique  » de Babelio23eab-logo2

et aux éditions Kaleidoscope   pour l’envoi de ce livre.

Kaléidoscope – Lire, rire et grandir – Des albums pour accompagner la petite enfance - Des albums pour accompagner la petite enfance

Grand-père Lion oublie tout de Julia Jarman

grand-pere0Depuis quelque temps, le grand-père de Léonard a bien changé. Il oublie tout , même le nom de son petit fils, comment est-ce possible ?
Il confond même le jour et la nuit. Il se couche dans la journée, s’endort et la nuit, il se promène.

Léonard décide d’appeler les vieux amis de son grand-père. Va – t- il les reconnaître ?

Mais bien sûr, grand-père Lion se remémore tous les bons moments passés avec eux.

Une histoire simple, qui évoque la vieillesse, les difficultés liés à l’âge, et  la maladie d’ Alzheimer. La maladie du grand-père est introduite d’une manière légère, et l’amour qui unit le grand-père à son petit fils comblera les moments d’absence, de non-souvenir.

Les plus jeunes aimeront parcourir les pages aux illustrations douces.

 

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Auteur de  » Grand-père oublie tout  » : Julia Jarnan

Illustratrice :Susan Varley – Traductrice : Anne de Bouchony

Éditeur ; Gallimard Jeunesse – Date de parution :03.09.2015