Pourvu que mes mains s’en souviennent de Quentin Ebrard

On ne sait pas bien ce qu’il se passe dans ce château cerné par des champs de tournesol, dans cette étrange colonie de vacances. Certains pensionnaires sont là de leur plein gré, d’autres ont été arrachés à leur famille. On tâtonne dans le noir aux côtés de Louise, la narratrice. Ici et là, on entend parler de mauvais traitements, certains sont abrutis par les médicaments, d’autres disparaissent du jour au lendemain. Perdue, Louise n’a qu’une obsession : sauver sa peau. Prête à tout, elle décide de s’échapper grâce à un projet aussi fou que secret. Avec l’aide de deux de ses camarades, Juliette, l’armoire à glace qui passe sa vie à pleurnicher, et Simon, le bricoleur amoureux d’elle, Louise va tout risquer pour quitter cet enfer… À moins que tout cela ne soit qu’une vue de l’esprit. Un premier roman hors des sentiers battus, qui cache une révélation complètement inattendue.

Mon avis

Un roman particulier, Louise aimerait pouvoir quitter ce château, mais qui est-elle ? on ne sait pas. Elle est « emprisonnée » dans ce lieu sous la joute de monos, qui lui donnent constamment des gélules bleues. Elle s’empresse toujours de les recracher. Elle n’a qu’un seul but, partir , retrouver sa liberté. Elle la veut et va faire en sorte de l’avoir par n’importe quel moyen.

Le château est éloigné de tout, il est au bord des falaises, entouré de champs de tournesols à perte de vue. Louise a déjà tenté de s’échapper, mais Juliette qui se dit son amie, l’a dénoncée. Cette fois elle est bien décidé , elle partira. Elle évoque ses parents, où sont-ils ? pourquoi ne viennent -ils pas la chercher ?

Des sorties sont organisées en groupe et toujours sous la surveillance des moniteurs. Le groupe se rend souvent à la plage.

Je me suis laissée emportée par ce roman, je me posais aussi des questions, qui est Louise ? Le roman est court, très bien écrit qui suscite de nombreuses questions jusqu’à la révélation finale.

Et quelle révélation ! il fallait y penser !

Je vous encourage vivement à lire ce roman, il est frais, l’écriture est fluide.

Quelques citations :

Ici, j’oublie tout, absolument tout. La date du jour.Mes envies et mes rêves. Le visage de mes parents s’efface, celui de mes amis aussi.

Ma fureur de vivre s’éteint et avec elle l’amour, l’espoir et la joie.

Là-bas, le monde a l’air si coloré et joyeux quand nous partions en vacances avec mes parents….ils me manquent tellement, pourquoi ne viennent-ils pas me chercher ? Je préfère ne pas y penser…

Tant de dangers nous guettent…Des choses inexpliquées se déroulent entre ses murs de pierre, et je suis la seule lucide.

Pourvu que mes mains s’en souviennent – Quentin Ebrard – Éditions Belfond – ISBN ;9782714498298 – Parution 02/03/2023 –

Lu en numérique

Merci à NetGalley et aux Éditions Belfond pour ce partenariat.

#QuentinEbrard #NetGalleyFrance !

A propos de l’auteur :

Quentin Ebrard est né en 1991.
Originaire des Cévennes, il a été journaliste puis bookstagrameur. Il est aussi responsable éditorial sur des sujets environnementaux.

Pourvu que mes mains s’en souviennent est son premier roman.

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Princesse autonome de Lola Zidi

Mars a une vie en pagaille et le cœur en vrac. Sa particularité : elle est la fille cachée d’un acteur adoré des Français qui ne l’a pas reconnue. Mais à grandir sans père, elle a poussé sans repères. Refusant d’avouer ce manque et sa souffrance, elle cache ses blessures derrière une grande gueule, des yeux émeraude et des nuits à faire la fête.

Le jour de ses vingt-neuf ans, sa Mamie Gangsta lui ordonne de reprendre sa vie en main. Fini les mensonges, les coups d’un soir et les promesses de lendemains de cuite. Fini de jouer à faire semblant.
Le hasard faisant bien les choses, Mars découvre une semaine plus tard sur son paillasson un étrange carnet : le début d’une aventure, une invitation à s’aimer. Et s’il était enfin temps de devenir une princesse autonome.

Mon avis

Mars est une jeune femme qui a grandi entourée de sa famille, dont il manque un élément principal, le père. Mars ne vit pas bien, après un amour compromis, elle sombre, elle va de soirée en soirée, ne sait plus qui elle est et ce qu’elle veut.

Le jour de ses 29 ans, tout change. Elle a décidé de prendre sa vie en main et de « grandir », d’être enfin une femme. Sa grand-mère sans qu’elle le sache, lui tend un défi , avec le jeu caché d’une magicienne.

« La magie existe pour ceux qui y croient »

Mars rêve et veut rêver, elle va changer et réaliser finalement ses rêves cachés. La route n’est pas simple, de nombreuses embuscades se cachent au cours de ce long chemin de remise en question. La première des choses est d »apprendre à s’aimer, pour Mars , ce n’est pas simple.

J’ai aimé ce roman, suivre la reconstruction de Mars, la voir évoluer puis parfois chuter et reprendre le droit fil de la vie. J’ai aimé sa force de vie, ses interrogations. Elle est courageuse, persévérante. Les personnages qui gravitent autour d’elle sont tout aussi attachants.

C’est un roman qui émeut, les émotions sont au rendez-vous. L’écriture est rythmée , les pages défilent à toute allure. Le sujet m’a fortement intéressée.

Je vous conseille vivement ce livre, qui est rempli d’espérance, de savoir vivre et de bonheur.

Je remercie NetGalley et les éditions Fayard pour ce partenariat.

#Princesseautonome #NetGalleyFrance

Princesse autonome – Lola Zidi – Éditions Fayard

Parution : 08/02/2023 – EAN : 9782213724997

A propos de l’auteur ;

Née dans une famille d’artistes, Lola Zidi tourne dans son premier film à l’âge de huit ans. Elle enchaîne plus tard les rôles à la télévision et au théâtre, notamment sous les traits de Camille Claudel. En parallèle, elle se forme au coaching en développement personnel. Avec Princesse autonome, elle livre un premier roman lumineux et inspirant, riche d’enseignements. ( source Fayard )

Quelques citations :

« La magie existe pour ceux qui y croient »

Mourir avant que d’apparaître de Rémi David

Lorsque Jean Genet rencontre Abdallah, qui sera un jour la figure centrale de son magnifique texte Le Funambule, le jeune homme a dix-huit ans à peine et vit à Paris. Genet, à quarante-quatre ans, est déjà un écrivain consacré. Il est aussitôt ébloui par le charme de cet acrobate, qui a travaillé plusieurs années au cirque Pinder. Il entreprend le projet fou de le hisser jusqu’à la gloire : son agilité, son expérience du cirque devraient lui permettre de devenir un artiste hors pair.
Mais comment, après la chute, demeurer le funambule qui danse dans la lumière, le prodige que le poète a forgé de ses mains ?

Dans ce premier roman, Remi David s’inspire de la vie de Genet et d’Abdallah pour nous livrer un texte court mais intense.

. Abdallah fut confié très tôt par sa mère au cirque Pinder. Sa mère allemande, immigrée était handicapée et seule, son père, algérien, les a abandonnés après leur arrivée en France.,

Abdallah a dix ans. Il se lie d’amitié avec Ahmed et devient acrobate comme lui. Après sept ans sur les routes, c’est avec Ahmed qu’il s’installe dans un minuscule appartement à Paris et c’est par l’intermédiaire de Diane Deriaz, une ancienne trapéziste de Pinder, amie d’Olivier Larronde, qu’il se retrouve un soir dans le même salon que Genet. Il rencontre Jean Genet, sans savoir qu’il était déjà reconnu comme écrivain le plus célèbre de sa génération.

Et là, Genet tombe sous le charme d’Abdellah. Jean Genet est exigeant, il veut que sa muse devienne un funambule.Il veut vraiment initier ce jeune homme à cet art subtil, où se reflète toute la beauté. Genet lui dédie un poème « Le funambule « .

Genet, lors des entraînements ne pardonnait rien à Abdallah, ne laissait rien passé. Son numéro était absolument splendide. Pour Genet, ça n’était pas assez, ça n’était pas parfait . Il était Pygmalion. Il sculptait Abdallah tout comme Giacometti sculptait une statue.

Le titre du roman est extrait d’une citation du poème, « Le funambule « 

Abdallah a beau travaillé, il n’atteint pas le firmament tant convoité par Genet, et s’éteint seul dans sa petite chambre. Les dernières années de Genet ne furent pas les plus heureuses, il a délaissé la plume. Il n’oublie pas sa muse.

Remi David a su trouver les mots pour faire revivre Genet et ses passions, décrire sa vie et ses amours . Il nous livre là un beau récit de vie rempli de poésie.

Ce fut pour moi, une belle découverte que je vous recommande.

Mourir avant que d’apparaître – Rémi David – Gallimard – Premier roman – Rentrée littéraire 2022

A propos de l’auteur ,

Rémi David est né à Cherbourg en 1984. À quinze ans, il est récompensé par le Prix du Jeune Écrivain pour une nouvelle, « Adeline », publiée au Mercure de France. Quinze ans plus tard, en 2015, les éditions Le Tripode publient un de ses textes, Lava, relevant de la poésie expérimentale.Depuis, il navigue entre différents genres, de la poésie à l’essai, en passant par la littérature jeunesse ou la constitution d’anthologies.

En août 2022, les éditions Gallimard publient son premier roman : Mourir avant que d’apparaître.

Magicien parallèlement à sa pratique de l’écriture, il a fondé en 2012 l’association M’Agis qui propose, en France ainsi que partout dans le monde, des spectacles et ateliers de magie auprès de populations en grande difficulté.( Source Remi David )

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Avant que le monde ne se ferme de Alain Mascaro

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Anton Torvath est tzigane et dresseur de chevaux. Né au cœur de la steppe kirghize peu après la Première Guerre mondiale, il grandit au sein d’un cirque, entouré d’un clan bigarré de jongleurs, de trapézistes et de dompteurs. Ce  » fils du vent  » va traverser la première moitié du  » siècle des génocides « , devenant à la fois témoin de la folie des hommes et mémoire d’un peuple sans mémoire. Accompagné de Jag, l’homme au violon, de Simon, le médecin philosophe, ou de la mystérieuse Yadia, ex-officier de l’Armée rouge, Anton va voyager dans une Europe où le bruit des bottes écrase tout. Sauf le souffle du vent. A la fois épopée et récit intime, Avant que le monde ne se ferme est un premier roman à l’écriture ample et poétique. Alain Mascaro s’empare du folklore et de la sagesse tziganes comme pour mieux mettre à nu la barbarie du monde.

Tout commence dans la steppe, dans le cercle des regards qui crépitaient avec le feu de camp. La voix du violon de Jag planait par dessus l’hiver immobile qui parfois arrêtait le cœur des hommes . Ainsi le vieux Johann était il mort trois jours plus tôt. Jamais il ne connaîtrait l’enfant à venir.

C'est un long voyage que nous propose Alain Mascaro, dans son premier roman. Une belle plume empreinte de poésie qui nous conte la vie de ce peuple tzigane, bien souvent méconnu. C'est un voyage à travers les pays, l'Histoire et les peuples.

Tout débute dans la steppe kirghize, dans un cirque, le cirque Torvath celui où Anton nait et grandit . Membre de la communauté tzigane, “fils du vent” et dresseur de chevaux, on lui annonce que sa destinée sera d’être la mémoire de son peuple nomade, de leur folklore et culture si particulière.

Ainsi, il traverse l’Europe en guerre, il sera accompagné de trois personnes Jag, le violoniste, qui prend Anton sous son aile. Il lui apprend à utiliser les plantes médicinales, à observer le monde qui l’entoure mais également, à lire et à comprendre le pouvoir des mots.

Dans la Kumpania, on se méfiait beaucoup de ceux qui savaient lire. Les livres étaient des prisons pour les mots, des prisons pour les hommes. Les premiers comme les seconds n’étaient libres qu’à virevolter dans l’air ; ils dépérissaient sitôt qu’on les fixait sur une page blanche ou un lopin de terre .

Simon, le médecin philosophe, avec sa complicité, Anton échappe à la mort, il prend l’identité d’un juif décédé. et Yadia, ancienne officier de l’Armée rouge. Ils seront témoins d’une époque troublée où la violence règne , où il n’est plus possible de voyager. Les Nazis interdisent aux Tziganes de travailler. Malgré cela , Anton veut continuer C’est une épopée pleine de rebondissements à travers de nombreux pays secoués et meurtris, mais Anton est toujours à la recherche de la beauté du monde, visible à qui sait la voir.

Rares sont les romans français qui abordent le « Porajmos », le génocide tzigane perpétré par les nazis et leurs alliés, et qui nous rappellent à quel point les peuples nomades ont été incompris dans leur volonté d’être, à la fois, de partout et de nulle part et d’avoir pour seul abri le toit du monde.

Si les fils du vent parcourent la peau du monde, ce n’est pas pour le simple plaisir d’aller d’un endroit à un autre ou pour simplement connaître l’errance ; c’est une façon de dire que leur pays n’est pas ici ou là, pour la simple raison qu’il n’est nulle part, en tout cas pas enclos entre des frontières ! Nous ne sommes que de passage, comprends-tu ?

L’auteur fait entendre la voix de ces oubliés de l’Histoire à travers ce chant empli de douleur et d’espoir. Un chant des errants surgi du passé et qui résonne pourtant étrangement en nous, tant il fait écho aux temps que nous vivons.

Avant que le monde ne se ferme est à la fois un hommage vibrant au peuple tzigane, une ode à la liberté, une leçon de fraternité et une dénonciation de la folie des hommes. Une très belle découverte que ce premier roman mélancolique et puissant, qui donne à méditer .

Avant que le monde ne se ferme – Alain Mascaro – Éditions Autrement – EAN : 9782746760899 – Parution 18/08/2021 –

Alain Mascaro est professeur de lettres, il a tout plaqué il y a deux ans pour voyager avec sa compagne.
Il a obtenu le prix Pégase de la nouvelle 1990 et 1992 et le prix Club Internet Publibook pour « La Sourate de la Répudiation » en 2001.
L’auteur a reçu pour son premier roman « Avant que le monde ne se ferme » le Prix Première Plume et Talents Cultura 2021.

Vous pouvez suivre les voyages d’Alain Mascaro sur son site ; Transhumances.eu

Amélia de Kimberly McCreight

Amélia, jeune adolescente, s’est suicidée, du moins c’est ce qu’on a dit à Kate, sa maman. Kate doute, elle ne comprend pas, Kate élève seule sa fille, brillante avocate, passionnée par son travail. Elle passe du temps avec sa fille quand elle le peut.

La jeune adolescente de 15 ans a sauté du toit d’un des bâtiments de Grace Hall, un lycée privé extrêmement huppé situé en plein Brooklyn, provoquant la surprise et le choc dans tout son entourage. Kate ne comprend pas. Sa fille semblait épanouie, sûre d’elle . Elle est abasourdie.

Un sms la fait réfléchir, lui indiquant qu’ Amélia n’a pas sauté. Kate va donc mener sa propre enquête. Elle pensait connaître sa fille, mais va découvrir une réalité qu’elle ne soupçonnait pas ! Entre histoires d’amour et d’amitié, jalousies, trahisons et scandales, les adolescents révèlent leur monde.

Kimberly McCreight explore le domaine des adolescents, fait de codes et de règles où la réputation compte plus que tout.

La narration est alternée entre l’enquête de Kate et les apparitions d’ Amélia révélant des textos, des propos recueillis sur des pages Facebook, et sur le blog dévoilant des rumeurs sur les professeurs du lycée.

L’auteur parvient à nous faire réfléchir sur notre société très connectée , dépourvue de repères et de principes et désireuse d’aller toujours plus loin.

Amélia – Kimberly McCreight – EAN : 9782749143064
528 pages
Éditeur : Le Cherche midi (27/08/2015)

Quatrième de couverture :

À New York, Kate élève seule sa fille de 15 ans, Amélia. En dépit d’un rythme professionnel soutenu, elle parvient à être à l’écoute de cette adolescente intelligente et responsable, ouverte et bien dans sa peau. Très proches, elles n’ont pas de secrets l’une pour l’autre. C’est en tout cas ce que croit Kate, jusqu’à ce matin d’octobre où elle reçoit un appel de l’école. On lui demande de venir de toute urgence. Lorsqu’elle arrive, Kate se retrouve face à une cohorte d’ambulances et de voitures de police. Elle ne reverra plus jamais sa fille. Amélia a sauté du toit de l’établissement. Désespoir et incompréhension. Pourquoi une jeune fille en apparence si épanouie a-t-elle décidé de mettre fin à ses jours ?……….

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°06 ]

Petits morceaux de vie rock’ambolesques de Fanny Simon

Roman – Librinova – 10 octobre 2018.

ISBN :9791026223719

Quand Lucie reprend son poste de conseillère entreprise après son congé maternité, elle est loin de se douter que cette année va être mouvementée. Elle réalise que la quarantaine se rapproche vite, trop vite. Elle fait le bilan de la dernière décennie et se pose beaucoup de questions sur sa vie, sur la vie en général. Entre nostalgie et angoisse du futur, elle chemine dans son quotidien : mésaventures professionnelles, gestion de sa tribu, son mari qui s’éloigne, son collègue qui se rapproche, sa famille et ses secrets et son amie d’enfance fidèle et délurée.
Un jour, elle commence à recevoir des messages mystérieux qui vont la chambouler et la mener bien plus loin qu’elle ne peut s’imaginer. Entre curiosité, peur, émotions, rires, colère, surprise, sa quête prend des allures comiques sur fond de palpitations.
La vie de Lucie va changer radicalement.

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Si vous voulez une lecture « feel good « , vous pouvez prendre ce livre. Ce fut une lecture imposée, mais très agréable à lire.

On va suivre la vie d’une jeune femme , Lucie, une vie banale. Sa vie n’est pas calme, elle a trois enfants et un mari à la maison. Ce n’est pas du repos à longueur de journée. Elle travaille.

Nous voilà sur la route du travail, pour Edouard, comme pour moi. Encore une longue journée fatigante pour lui. Moi je ne sais pas trop ce qui m’attend. Je ne sais pas ce qui m’attend pour la simple et bonne (ou pas d’ailleurs) raison qu’aujourd’hui, c’est la rentrée pour moi aussi. Je reprends le travail après neuf mois d’arrêt. Un cumul « congés pathologiques, congé maternité,  congés payés ».

Alors quand elle commence à recevoir des lettres d’un anonyme qui lui veut du bien, on sent que cela la touche, la bouleverse .

Imaginez si vous receviez une lettre d’un anonyme, quelle serait votre réaction ? Cet « ami » va lui proposer des défis à réaliser, bien sûr sans en parler à sa famille. Lucie va renaître à la vie.

D’ailleurs, j’ai été ravie de voir qui écrivait ces fameuses lettres. En tout cas, chaque nouvelle aventure vécue par Lucie m’a vraiment plu et j’ai été très touchée par sa quête du bonheur perdu.

Ce roman est une bouffée d’oxygène qui se lit très vite. Le roman est court. C’est un premier roman . L’écriture est fluide, roman d’humour et d’émotions.

 

Requiem pour la république de Thomas Cantaloube

«Je connais bien la question algérienne. Je connais bien la police. Je ne veux pas être désobligeant avec vous, mais il y a des choses qui vous dépassent. L’intérêt supérieur du pays nécessite souvent que l’on passe certains événements, certaines personnes, par pertes et profits.» Automne 1959. L’élimination d’un avocat algérien lié au FLN tourne au carnage. Toute sa famille est décimée. Antoine Carrega, ancien résistant corse qui a ses entrées dans le Milieu, Sirius Volkstrom, ancien collabo devenu exécuteur des basses œuvres du Préfet Papon, et Luc Blanchard, jeune flic naïf, sont à la recherche de l’assassin. Une chasse à l’homme qui va mener ces trois individus aux convictions et aux intérêts radicalement opposés à se croiser et, bien malgré eux, à joindre leurs forces dans cette traque dont les enjeux profonds les dépassent.

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Thomas Cantaloube évoque ici les premières années de la cinquième république, qui furent aussi chaotiques que celles que nous vivons de nos jours. On va côtoyer des politiques, des hauts fonctionnaires, mais aussi des malfrats, mais aussi une femme et un homme honnête.

Tout débute par l’assassinat d’un avocat algérien proche du FLN, commandité par Maurice Papon, qui est le préfet de la police de Paris. Abderhamane Bentoui, avocat,  est soupçonné de fricoter avec les indépendantistes algériens. L’exécution ne se passe pas comme prévue .

Tout s’organise autour de trois personnages qui vont être à la recherche du meurtrier.

Un jeune flic, Luc Blanchard,  novice dans la profession et qui va vite découvrir les coulisses de la préfecture de police .

Antoine Carrega, le truand corse qui rend service à son compagnon de la résistance, Aimé de la Salle de Roquemaure, dont la fille vivait avec l’avocat assassiné . Elle est morte avec lui, ainsi que leurs deux enfants.

Sirius Volkstrom,qui devait tuer Carrega, après le meurtre mais surtout homme à tout faire de l’extrême droite.

Une maitrise de l’intrigue, une histoire ancrée dans la réalité de l’époque, le racisme, la violence, les manigances politiques. L’enquête est passionnante du début jusqu’à la fin.
Deux épisodes de notre passé sont relatés:

le 18 juin 1961, il y a eu l’attentat du Strasbourg-Paris,le déraillement est provoqué par une bombe placée sous le rail et qui explose au passage du train.La bombe aurait été placée par l’OAS, dans le cadre de la guerre d’Algérie.

La Nuit Oubliée – 17 octobre 1961 .Ce jour-là, des dizaines de milliers d’Algériens manifestent pacifiquement contre le couvre-feu qui les vise depuis le 5 octobre et la répression organisée par le préfet de police de la Seine, Maurice Papon. La réponse policière sera terrible. Des dizaines d’Algériens, peut-être entre 150 et 200, sont exécutés. Certains corps sont retrouvés dans la Seine. Pendant plusieurs décennies, la mémoire de ce épisode majeur de la guerre d’Algérie sera occultée.
L’évocation de ces faits historiques n’est pas pesante dans le livre.

je peux dire que Requiem pour une République est un polar historique dont la trame policière est aussi intéressante que le fond politique.

Thomas Canteloupe a su mêler, pour un premier roman faits réels et fiction avec une maîtrise parfaite.

Difficile de ne pas être touchée par ce livre qui nous rappelle ce que fut cette période, qui fait partie de notre Histoire.

Thomas Cantaloube, Requiem pour une république, Gallimard, Série Noire, 2019. 541 p. – ISBN : 2072787564

 

Tout le bleu du ciel de Melissa Da Costa

Petiteannonce.fr: Émile, 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple.

Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, avec le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme, qui a pour seul bagage un sac à dos, un grand chapeau noir, et aucune explication sur sa présence. Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naît, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile.

Ce livre est une pure merveille, j’ai apprécié l’histoire. Je me suis glissée entre Emile et Joanne pour vivre leur aventure . J’ai parcouru des kilomètres. Je ne suis pas sortie indemne d’une telle lecture.

Emile est atteint d’une maladie grave , il sait qu’il a peu de temps à vivre. Il ne veut ni  d’acharnement thérapeutique, ni des larmes de ses proches. Il décide donc de partir, il avertit son meilleur ami et  passe une petite annonce et ..y aura-il quelqu’un qui voudra passer du temps avec lui ? Une jeune femme frêle, Joanne accepte. Que fuit-elle ? Quel passé a – t- elle eu ?

Ils partent en camping-car, découvrir la France, la montagne, les grands espaces. Emile et Joanne vont apprendre à se connaître. L’auteur montre que chaque jour des liens se tissent entre eux. Tout le livre est parsemé de citations, Joanne les tient de son père qui les aimait, et lui en a appris de nombreuses.

Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux  » Proust.

Le quotidien n’est pas aisé, il y a des moments où tout se passe pour le mieux. Et d’autres où Emile a des absences, il ne sait plus qui il est, ni où il est. Et qui est cette personne qui l’accompagne. Joanne s’adapte à chaque situation. Joanne a l’idée d’acheter un carnet dans lequel Émile pourra se confier, raconter ce qu’il vit, laisser une trace pour lui mais aussi pour ses proches avant que la maladie ne prenne le dessus. Pour alléger ces moments difficiles, l’auteur nous livre des flashbacks dans la vie de deux protagonistes.

Ce voyage dans ces petits villages des Pyrénées, avec ces paysages grandioses est un voyage particulier. Il est aussi un voyage intérieur, qui va les amener à réfléchir sur leur passé, sur leur « moi » intérieur. Il y a toutes ces rencontres avec différentes personnes qui tiendront une place importante dans le quotidien, une bienveillance permanente.

Même si l’on espère une issue favorable pour Emile, les symptômes prennent de l’ampleur. L’inéluctable arrivera, mais avec cela un regain de joie malgré tout , c’est avant tout une ode à la vie, à l’espoir, à la vie qui continue malgré tout.

Chaque jour porte en lui , l’Éternité  » – Paulo Coelho

Mélissa Da Costa est une romancière française. Après des études d’économie et de gestion à l’Institut d’administration des entreprises de Lyon (IAE) (2008-2011), elle est chargée de communication dans le domaine de l’énergie et du climat. Elle suit également des formations en aromathérapie, naturopathie et sophrologie.

Danse d’atomes d’or de Olivier Liron

« Le bonheur ne s’ouvre que de l’intérieur. On ne peut que rester à la porte et dire des choses très douces afin de l’amadouer, de le faire changer d’avis. ( Et moi, j’avais attendu si longtemps en silence, j’avais chuchoté et supplié tant d’années à la porte ). Alors j’ai pensé très fort au bonheur et je me suis dit que ce serait bien s’il se passait quelque chose, justement.

Si la porte s’ouvrait…. »

Un plaisir de lire Olivier Liron, pour un premier roman, celui-ci est une merveille à déguster lentement. Son écriture est poétique. L’atmosphère est particulière, un peu feutrée, je dirai plus particulièrement magique.

Le sujet est grave, mais l’écriture minimise les faits. Ce livre revisite le mythe d’Orphée et Eurydice avec beaucoup de sensibilité.

Au cours d’une soirée, O rencontre Loren. Ils ont des univers complétement différents, lui est manutentionnaire. Il s’ennuie dans son travail. Elle est artiste, acrobate dans un cirque. Une soirée passée, puis d’autres se suivent.

Puis un jour Loren disparaît, sans laisser de trace. O sombre, se démène pour la retrouver, mais sans résultat. Puis un jour arrive un message, il doit se rendre en Normandie. Une femme doit lui remettre un colis. Je ne dévoilerai pas la suite.

Un roman poignant qui m’a bouleversée, de nombreuses références culturelles agrémentent le récit, et lui apportent plus de profondeur.

« En amour il n’y a pas de silence, même quand on est loin.
Quand on se tait, c’est qu’on a tant de choses à se dire. »

Danse d’atomes d’or – Olivier Liron – Éditeur Alma – 2016 – ISBN 2362791955 

Le mois de l’Europe de l’Est d’Eva, Patrice et Goran

Le mois de l’Europe de l’Est d’Eva, Patrice et Goran commence aujourd’hui. Si vous voulez participer, n’hésitez pas, rendez-vous sur ce blog ici

Entre mes lectures de polar, je vais glisser d’autres lectures, aujourd’hui je vous propose de découvrir ou de relire une chronique effectuée sur ce blog.

 

Pays : la Serbie

 « il est des pays où les autobus ont la vie plus longue que les frontières »

Pour sauver un homme de la colère de son fils, une femme donne  tout l’argent qu’elle avait. C’est avec cette scène que débute le Miel . Le personnage principal n’est pas le miel, mais la Yougoslavie.

Ce miel est une métaphore de l’amour. Il est un lien naturel entre deux êtres. Il est aussi au cœur de l’existence de deux êtres. Nikola K., instituteur à la retraite, qui s’occupe de ses ruches dans les montagnes de la Krajina de Knin, autrefois enclave serbe en Croatie, et Vera, l’herboriste qui a besoin de beaucoup de ce nectar pour élaborer ses potions miraculeuses. C’est elle qui raconte au narrateur l’histoire de Nikola et de ses fils, Vesko le Teigneux et Dusan, le soldat d’une guerre perdue d’avance, l’histoire de cette Yougoslavie morcelée. Cette femme énigmatique qui se consume à la cigarette représente un savoir ancestral, la connaissance et le respect de la nature, une morale aussi, rude et désenchantée.

«Chacun de nos gestes compte» est sa devise.

Ce roman est une méditation sur la valeur de la vie humaine, le sens de l’histoire et le devenir des peuples.

Le miel – Slobodan Despot –  Gallimard – Parution; 01/02/2014

Slobodan Despot,  né le 24 juillet 1967 à Stremka Mitrovica (Voïvodine, ex-Yougoslavie, actuellement Serbie), a fait ses armes d’éditeur auprès de Vladimir Dimitrijevic aux éditions L’Âge d’Homme avant de créer en Suisse sa propre maison d’édition, Xénia. Auteur de plusieurs essais (Despotica chez Xénia, notamment)

 Il signe avec Le miel son tout premier roman.