Le Lundi, c’est poésie ! Le Mois Latino

Je renouvelle ma participation à ce rendez-vous, elle sera certainement modeste. je présenterai des poésies lors de ce mois latino-américain.

PÉROU

Le Pérou est un verset qui ne finit jamais.
D’autres poètes l’ont déjà dit.
Ils ont dit que c’est l’endroit
que nous choisirons encore.
Mais le Pérou a des fleuves de sang,
des chemins en os,
un ciel baigné des rêves de nos mères.
Le Pérou est la terre sauvage
que les Espagnols n’ont jamais vaincu.
Le Païtiti, Macchu Picchu, les huacas
et les cimetières au milieu de la jungle.
Notre terre a l’arôme du café frais,
mêlé au langage mythique de la coca
et les entrailles ouvertes
nourrissent leurs enfants.
Le Pérou est un oiseau qui sacrifié
pour donner la vie à ses  jeunes.
C’est un verset que nous choisissons de relire
Quand la mort nous guette.
C’est le dernier espoir que nous avons
Au cas où Dieu referme ses portes.

Emilio Paz Panana

Emilio Paz est professeur de philosophie et de religion,  diplômé de l’Université catholique Sedes Sapientiae. Poète, écrivain et essayiste, il a notamment publié Septiembre en el silencio (Club de lecture poétique, 2016), Laberinto de versos (La tortue écologique, n ° 394, 2018) et La balada de los desterrados (Ángeles Del Papel, 2019). Ses écrits paraissent dans divers médias au Pérou, au Chili, en Argentine, en Colombie, en Équateur, au Venezuela, au Costa Rica, aux États-Unis, au Brésil, en Espagne, en Roumanie, en Inde, en Italie et à Cuba. Son oeuvre a été traduit en portugais, anglais, bengali, tamoul et roumain. Elle cherche à étudier les relations entre esthétique, éducation et poésie.  Emilio Paz possède également un blog, El Eden de poésie, il coordonne le Kametsa Magazine ainsi que les récitals de charité Les voix du colibri.

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Le lundi, c’est poésie !

A un passant

Paul Verlaine

Mon cher enfant que j’ai vu dans ma vie errante,
Mon cher enfant, que, mon Dieu, tu me recueillis,
Moi-même pauvre ainsi que toi, purs comme lys,
Mon cher enfant que j’ai vu dans ma vie errante !

Et beau comme notre âme pure et transparente,
Mon cher enfant, grande vertu de moi, la rente,
De mon effort de charité, nous, fleurs de lys !
On te dit mort… Mort ou vivant, sois ma mémoire !

Et qu’on ne hurle donc plus que c’est de la gloire
Que je m’occupe, fou qu’il fallut et qu’il faut…
Petit ! mort ou vivant, qui fis vibrer mes fibres,

Quoi qu’en aient dit et dit tels imbéciles noirs
Compagnon qui ressuscitas les saints espoirs,
Va donc, vivant ou mort, dans les espaces libres !

Paul Verlaine

Lundi, c’est poésie !!

Décembre

Louis-Honoré FRÉCHETTE

Recueil : « Les Oiseaux de neige »

Le givre étincelant, sur les carreaux gelés,
Dessine des milliers d’arabesques informes ;
Le fleuve roule au loin des banquises énormes ;
De fauves tourbillons passent échevelés.

Sur la crête des monts par l’ouragan pelés,
De gros nuages lourds heurtent leurs flancs difformes ;
Les sapins sont tout blancs de neige, et les vieux ormes
Dressent dans le ciel gris leurs grands bras désolés.

Des hivers boréaux tous les sombres ministres
Montrent à l’horizon leurs figures sinistres ;
Le froid darde sur nous son aiguillon cruel.

Évitons à tout prix ses farouches colères ;
Et, dans l’intimité, narguant les vents polaires,
Réchauffons-nous autour de l’arbre de Noël.

(1878)

A propos de l’auteur ;

Louis-Honoré Fréchette (16 novembre 1839 – 31 mai 1908), poète, dramaturge, écrivain et homme politique, est né à St-Joseph-de-la-Pointe-Lévy (Lévis), Québec, Canada.

Bien que son père, entrepreneur, soit analphabète, il étudie sous la tutelle des Frères des écoles chrétiennes. De 1854 à 1860, il fait ses études classiques au Petit séminaire de Québec, au Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière puis au séminaire de Nicolet. Déjà en ce temps, il écrit des poèmes avec son premier recueil « Mes loisirs » en 1863 et des dramatiques dont Félix Poutré (1862). Plus tard, il étudie le droit à l’Université Laval.

En 1877, il publie à Montréal, son second recueil de poésie intitulé Pêle-mêle.

En 1880, il est le premier Canadien-français à remporter le prix Montyon de l’Académie française pour son recueil de poèmes intitulé Les Fleurs boréales. Il a la chance de rencontrer son idole, Victor Hugo, qui lui accorde une entrevue.

Le 31 mai 1908 décédait Louis Fréchette, un grand Lévisien qui fut pendant un demi-siècle une figure marquante de la vie littéraire, journalistique et politique du Québec et du Canada. ( source Wikipedia )

Le lundi, c’est poésie ! Les arbres d’octobre d’Albert Lozeau

Au soleil, le matin, les arbres sont en or ;
Octobre leur a fait des feuilles précieuses
Qui tremblent à la brise et, toujours anxieuses,
Craignent le vent d’automne en qui passe la mort.

C’est l’immobilité maintenant qu’elles aiment,
Ou, venant à l’entour des branches voltiger,
Le souffle inoffensif qui les frôle, léger,
Et fait luire les tons jaunes qui les parsèment

Combien choiront avant le doux soir automnal !
Toujours sur le trottoir il en neige quelqu’une.
Ce doit être, là-haut, une angoisse à chacune
Quand la petite sœur quitte l’arbre natal…

Mais l’orage viendra les pacifier toutes !
Un grand coup de vent dur tordra l’arbre soudain,
Et comme des oiseaux qu’on chasse du jardin,
Les feuilles partiront en l’air, tombant aux routes,

Et les seuils en seront dorés jusqu’au matin.

Albert Lozeau

A propos de l’auteur ;

Albert Lozeau (1878 – 1924) était un poète québécois. Né à Montréal, il étudie à l’Académie Saint-Jean-Baptiste. À l’âge de 18 ans, il est paralysé, ce qui lui permet de développer ses talents littéraires. Émotif, solitaire et nostalgique, il écrit des vers mélancoliques sur la nature, ce qui lui vaudra d’être inclus dans la littérature du terroir. ( source wikipédia)

Lundi c’est poésie ! Les Soleils d’Octobre de Auguste Lacaussade

Aux jours où les feuilles jaunissent,
Aux jours où les soleils finissent,
Hélas ! nous voici revenus ;
Le temps n’est plus, ma-bien-aimée,
Où sur la pelouse embaumée
Tu posais tes pieds blancs et nus

.

L’herbe que la pluie a mouillée
Se traîne frileuse et souillée ;
On n’entend plus de joyeux bruits
Sortir des gazons et des mousses ;
Les châtaigniers aux branches rousses
Laissent au vent tomber leurs fruits.

Sur les coteaux aux pentes chauves,
De longs groupes d’arbustes fauves
Dressent leurs rameaux amaigris ;
Dans la forêt qui se dépouille,
Les bois ont des teintes de rouille ;
L’astre est voilé, le ciel est gris.

Cependant, sous les vitres closes,
Triste de la chute des roses,
Il n’est pas temps de s’enfermer ;
Toute fleur n’est pas morte encore ;
Un beau jour, une belle aurore
Au ciel, demain, peut s’allumer.

La terre, ô ma frileuse amie !
Ne s’est point encore endormie
Du morne sommeil de l’hiver…
Vois ! la lumière est revenue :
Le soleil, entr’ouvrant la nue,
Attiédit les moiteurs de l’air.

Sous la lumière molle et sobre
De ces soleils calmes d’octobre,
Par les bois je voudrais errer !
L’automne a de tièdes délices :
Allons sur les derniers calices,


Ensemble, allons les respirer !

Je sais dans la forêt prochaine,
Je sais un site au pied du chêne
Où le vent est plus doux qu’ailleurs ;
Où l’eau, qui fuit sous les ramures,
Échange de charmants murmures
Avec l’abeille, avec les fleurs.

Dans ce lieu plein d’un charme agreste,
Où pour rêver souvent je reste,
Veux-tu t’asseoir, veux-tu venir ?
Veux-tu, sur les mousses jaunies,
Goûter les pâles harmonies
De la saison qui va finir ?

Partons ! et, ma main dans la tienne,
Qu’à mon bras ton bras se soutienne !
Des bois si l’humide vapeur
Te fait frissonner sous ta mante,
Pour réchauffer ta main charmante
Je la poserai sur mon cœur.

Et devant l’astre qui décline,
Debout sur la froide colline,
Et ton beau front penché sur moi,
Tu sentiras mille pensées,
Des herbes, des feuilles froissées
Et des bois morts, monter vers toi.

Et devant la terne verdure,
Songeant qu’ici-bas rien ne dure,
Que tout passe, fleurs et beaux jours,
A cette nature sans flamme
Tu pourras comparer, jeune âme,
Mon cœur, pour toi brûlant toujours !

Mon cœur, foyer toujours le même,
Foyer vivant, foyer qui t’aime,
Que ton regard fait resplendir !
Que les saisons, que les années,
Que l’âpre vent des destinées
Ne pourront jamais refroidir !

Et quand, noyés de brume et d’ombre,
Nous descendrons le coteau sombre,
Rayon d’amour, rayon d’espoir,
Un sourire, ô ma bien-aimée !
Jouera sur ta lèvre embaumée
Avec les derniers feux du soir.

Auguste Lacaussade, Poèmes et Paysages

A propos de l’auteur :

Auguste Lacaussade naît le 8 février 1815 à Saint-Denis de l’île Bourbon (île de la Réunion). Il est le fils d’un avocat bordelais et d’une métisse affranchie.

Lui étant interdit d’intégrer le collège Royal des Colonies à cause de ses origines maternelles, il est ce qu’à l’époque on appelle un quarteron, c’est-à dire ayant un quart de sang de couleur. A l’âge de 10 ans il part effectuer sa scolarité dans un collège de Nantes. Le racisme subi va marquer profondément et influencer toute sa vie. Il choisira comme arme la poésie pour dénoncer les préjugés de la société réunionnaise et laver l’affront subi par sa mère.

Ses études secondaires terminées, il revient à la Réunion, mais son intégration dans la société esclavagiste de l’époque se révèle très difficile. Il repart donc pour Paris pour poursuivre son combat en faveur de l’abolition de l’esclavage. Il sait que dans la capitale sa prise de parole peut avoir une réelle audience auprès des grands esprits susceptibles de s’investir pour changer les choses dans les colonies à esclaves.

A partir de 1844, il devient le secrétaire de Sainte-Beuve et rejoint le camp des abolitionnistes groupés autour de Victor Schœlcher. Il collabore à plusieurs revues parisienne et est nommé par la suite à plusieurs postes successifs de bibliothécaire. Le dernier, bibliothécaire du Sénat, sera le poste qu’il va occuper jusqu’à sa mort.

Ses deux principaux recueils, dans lesquels il condamne avec vigueur l’esclavage et le racisme, sont « Les Salaziennes »(1839) et « Poème et Paysage » (1852). Polyglotte, il traduit aussi plusieurs œuvres de poètes étrangers, entre autres de Giacomo Leopardi et de James Macpherson.

Il reçoit le Prix Maillé-Latour-Landry en 1850 et le Prix Bordin en 1862. Il est nommé Chevalier de la Légion d’honneur‎ en 1860.

Il meurt le 31 juillet 1897 à Paris. Il est inhumé le 2 août 1897 au cimetière du Montparnasse. En 2006 sa dépouille est ramenée à la Réunion et repose dans le cimetière paysager d’Hell-Bourg à Salazie, village dans les Hauts de La Réunion. ( source -Poetica)

Lundi, c’est poésie !

Automne

Vois ce fruit, chaque jour plus tiède et plus vermeil,

Se gonfler doucement aux regards du soleil !

Sa sève, à chaque instant plus riche et plus féconde,
L’emplit, on le dirait, de volupté profonde.

Sous les feux d’un soleil invisible et puissant,
Notre cœur est semblable à ce fruit mûrissant.
De sucs plus abondants chaque jour il enivre,
Et, maintenant mûri, il est heureux de vivre.

L’automne vient : le fruit se vide et va tomber,
Mais sa gaine est vivante et demande à germer.
L’âge arrive, le coeur se referme en silence,
Mais, pour l’été promis, il garde sa semence.

Ondine Valmore

Ondine Valmore est une poétesse et femme de lettres française née à Lyon le  2 novembre 1821 et morte le 12 février 1853 (à 31 ans)

Ondine publia quelques courts recueils de poèmes et de contes. Ayant passé une grande partie de sa vie avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, le thème de la mort et du cycle de la vie, symbolisés par le motif de l’automne et de l’hiver, sont très présents dans ses œuvres, attestant aussi d’une écriture paradoxale de la joie des instants précieux à savourer.

Lundi, c’est poésie, La Forêt de François-René de Chateaubriand

Forêt silencieuse, aimable solitude,
Que j’aime à parcourir votre ombrage ignoré !
Dans vos sombres détours, en rêvant égaré,
J’éprouve un sentiment libre d’inquiétude !
Prestiges de mon cœur ! je crois voir s’exhaler
Des arbres, des gazons une douce tristesse :
Cette onde que j’entends murmure avec mollesse,
Et dans le fond des bois semble encor m’appeler.
Oh ! que ne puis-je, heureux, passer ma vie entière
Ici, loin des humains !… Au bruit de ces ruisseaux,


Sur un tapis de fleurs, sur l’herbe printanière,
Qu’ignoré je sommeille à l’ombre des ormeaux !
Tout parle, tout me plaît sous ces voûtes tranquilles ;
Ces genêts, ornements d’un sauvage réduit,
Ce chèvrefeuille atteint d’un vent léger qui fuit,
Balancent tour à tour leurs guirlandes mobiles.
Forêts, dans vos abris gardez mes vœux offerts !
A quel amant jamais serez-vous aussi chères ?
D’autres vous rediront des amours étrangères ;
Moi de vos charmes seuls j’entretiens les déserts.

François-René de Chateaubriand, Tableaux de la nature, 1784-1790

F.R.de Chateaubriand ; né le 4 septembre 1768 à Saint-Malo. Issu d’une famille aristocratique aisée, il entame une carrière militaire, puis fait son entrée à la cour à l’âge de 19 ans. À Paris, il fréquente les écrivains de son époque. Il est témoin des premiers signes d’agitation de la Révolution française, et assiste, deux ans plus tard à la prise de la Bastille. Après un voyage d’un an en Amérique, Chateaubriand rentre à Saint-Malo et se marie. Blessé alors qu’il combat les armées de la République naissante, il s’exile à Londres. Sa femme est emprisonnée, et une partie de sa famille, restée en France, est guillotinée. Il rentre en France en 1800 et s’installe à Paris, loin de sa femme et de sa sœur, restées dans le château familial de Combourg en Bretagne. ( source L’internaute)

Le lundi, c’est poésie : Mignonne, allons voir si la rose de Pierre de Ronsard

A Cassandre

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Pierre de Ronsard, Les Odes

Pierre de Ronsard, né en septembre 1524 au château de la Possonnière, près du village de Couture-sur-Loir en Vendômois, et mort le 27 décembre 1585 au Prieuré Saint-Cosme de Tours , est un des poètes français les plus importants du XVI siècle. « Prince des poètes et poète des princes »

L’été de Victor Hugo

L’été

C’est une fête en vérité,

Fête où vient le chardon, ce rustre ;

Dans le grand palais de l’été

Les astres allument le lustre.

On fait les foins. Bientôt les blés.

Le faucheur dort sous la cépée ;

Et tous les souffles sont mêlés

D’une senteur d’herbe coupée.

Victor Hugo

Liberté de Paul Eluard

Sebastian Abbo, Liberté pour l’Ukraine, 2022. disponible dans notre Galerie d’Art

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.

Paul Eluard