Je renonce à la poésie !
Je vais être riche demain.
A d’autres je passe la main :
Qui veut, qui veut m’être un
Sosie ?
Bel emploi, j’en prends à témoin
Les bonnes heures de balade
Où, rimaillant quelque ballade,
Je passais mes nuits tard et loin.
Sous la lune lucide et claire
Les ponts luisaient insidieux.
L’eau baignait de flots gracieux
Paris gai comme un cimetière.
Je renonce à tout ce bonheur
Et je lègue aux jeunes ma lyre !
Enfants, héritez mon délire,
Moi j’hérite un sac suborneur.
Paul Verlaine