Rentrée Littéraire 2022, Stardust de Léonora Miano

« Stardust est le premier roman que j’aie composé dans l’intention de le faire publier. Écrit il y a plus de vingt ans, il relate un moment marquant de ma vie, cette période au cours de laquelle je fus accueillie dans un centre de réinsertion et d’hébergement d’urgence du 19ème arrondissement de Paris. J’étais alors une jeune mère de 23 ans, sans domicile ni titre de séjour. Mon souhait était surtout de me pencher sur ma vie à l’intérieur de ce foyer, de me libérer des histoires, des visages qui, plusieurs années après, continuaient de me hanter.

Mon avis

Par ce livre, Leonora Miano a osé publier sur ses années passées , à 49 ans, elle décide de sortir de ce silence qui la hante. La jeune Léonora, ici présente sous le nom de Louise, arrive de son Cameroun natal à 18 ans, pour étudier à Paris la littérature anglo-saxonne. Elle vit en couple, mais son compagnon ne peut plus assumer la vie à deux et bientôt à trois. Elle doit finalement quitter l’université , elle vient de mettre au monde , Bliss . Mais sans papier, sans domicile, sans carte de séjour, elle ne peut confier Bliss à personne. Le père de Bliss n’assume pas ses responsabilités, elle décide donc de le quitter. Elle se réfugie dans des hôtels minables, avant d’intégrer un premier centre d’hébergement d’urgence et de réinsertion , rue de Crimée à Paris.

Aujourd’hui comme hier, on peut entrer en France de façon tout à fait régulière et perdre le droit d’y résider. Les accidents de la vie poussent des personnes de toutes origines et conditions sociales dans le fossé de l’exclusion; »

Elle découvre ici des femmes désœuvrées, qui se sentent inutiles. Chaque femme a son histoire, mais elles doivent rentrer avant le couvre-feu, autrement elles dormiront dans la rue. Elle a vu mourir Véronique, Prudence et rencontrer le fantôme de Virginie.

Toutes ces femmes ont quitté leur pays pour des raisons diverses, et pour trouver un semblant de bonheur dans « cette France » qui fait tant rêver. Mais la réalité est toute autre, il faut se battre . Les assistantes sociales sont prises dans des démarches administratives qui ne sont pas simples. Ces femmes ressentent un sentiment d’abandon. Il leur est difficile de se construire une nouvelle vie.

Léonora Miano a transmis son passé, avec toute la révolte qu’elle a ressentie face à sa situation précaire.

Ce fut une lecture intéressante, pour comprendre le vécu de toutes ces femmes . Elle fait réfléchir sur les conditions d’accueil , sur les démarches administratives que doivent subir ces femmes. Les mères isolées sont plus exposées à la précarité . La résilience est possible, même si parfois le doute s’insinue. Il faut toujours persévérer. Comme l’a fait Louise

Stardust – Leonora Miano – Grasset – Parution 31/08/2022 – EAN : 9782246831839

Merci à NetGalley et aux Éditions Grasset de m’avoir permis de découvrir ce roman et son auteur.

#Stardust #NetGalleyFrance

Quelques citations :

« Il n’a fallu qu’un court laps de temps pour sentir le poids de la souffrance qui s’entassait là. Elle a vite compris qu’il faudrait s’en protéger le plus possible. »

Tout le monde sait où se trouve le fossé Tous les jours, on voit quelqu’un s’en approcher un peu trop près. On le regarde . De loin. Tendre la main, c’est déjà côtoyer l’abysse. Parfois cela arrive à ceux que l’on aime. Ça ne change rien. L’amour n’est pas toujours plus fort que la peur. Surtout celle-là de nos jours. La peur du déclassement. La terreur qu’inspire l’exclusion sociale.

Cela , je te le promets. Je marcherai debout. Et quand j’aurai marché, je signalerai ma présence à chacun. Pour que tu ne m’aies pas aimée en vain, rêvée en vain. Je ferai quelques chose. Et je serai libre.

Mhambe…

Tu ne peux me dire, à présent qui je suis. Il me faudra le découvrir. Je ne t’écrirai plus. Sache cependant qu’il ne s’écoulera pas une journée sans que je pense à toi. Pas une journée, sans que je pense à toi.

Ta poussière d’étoiles.

A propos de l’auteur ;

Léonora Miano est née en 1973 à Douala au Cameroun. Elle s’installe en France en 1991, d’abord à Valenciennes puis à Nanterre, pour étudier la littérature américaine. La première œuvre de Léonora Miano, L’intérieur de la nuit, reçoit un bon accueil de la critique francophone. Elle reçoit six prix : Les lauriers verts de la forêt des livres, Révélation (2005), le prix Louis-Guilloux (2006), le prix du premier roman de femme (2006), le Prix René-Fallet(2006), le prix Bernard-Palissy (2006), et le Prix de l’excellence camerounaise (2007). Le magazine Lire le qualifie de meilleur premier roman français de l’année 2005…….( source Wikipédia)

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