Oh ! Écoute la symphonie ;
Rien n’est doux comme une agonie
Dans la musique indéfinie
Qu’exhale un lointain vaporeux ;
D’une langueur la nuit s’enivre,
Et notre cœur qu’elle délivre
Du monotone effort de vivre
Se meurt d’un trépas langoureux.
Glissons entre le ciel et l’onde,
Glissons sous la lune profonde ;
Toute mon âme, loin du monde,
S’est réfugiée en tes yeux,
Et je regarde tes prunelles
Se pâmer sous les chanterelles,
Comme deux fleurs surnaturelles
Sous un rayon mélodieux.
Oh ! écoute la symphonie ;
Rien n’est doux comme l’agonie
De la lèvre à la lèvre unie
Dans la musique indéfinie…
Albert Samain.
Extrait du recueil Au jardin de l’infante (1893).

Une des originalités de Samain est l’utilisation du sonnet à quinze vers. Après sa mort, ses poésies sont réimprimées un nombre considérable de fois. De nombreux musiciens composent des mélodies sur ses textes, parmi lesquelles plusieurs chefs-d’œuvre, comme Ilda de Nadia Boulanger, Arpège de Gabriel Fauré, l’opéra Polyphème de Jean Cras ou La Maison du matin d’Adrien Rougier. Son œuvre a également inspiré le sculpteur Émile Joseph Nestor Carlier (1849-1927) qui réalise à partir de celle-ci La Danseuse au voile et Pannyre aux talons d’or, en 1914.
… Faure (1950) ℗ 2000 Naxos Classical Archives Released on: 2000-01-01 Composer: Albert Samain Composer: Gabriel Faure .
Ce poème entre dans le cadre du défi « Le Printemps des Artistes » proposé par Marie-Anne du blog » La Bouche à Oreilles d’avril à juin 2022.
