Le Mois Latino-Américain – Porto-Rico

Une des très rares voix féminines de la littérature portoricaine, mais assurément l’une des plus importantes, Julia de Burgos fut à la fois poétesse, dramaturge, institutrice, féministe, militante en faveur de l’égalité civique et fervente partisane de l’Indépendance nationale. Son œuvre poétique a compté parmi les plus remarquables de la littérature latino américaine du XXème siècle et elle fait désormais partie de la « mythologie nationale » portoricaine.

La biographie et d’autres poésies de Julia de Burgos sur Poésie et Racbouni

Je fus la plus silencieuse

Je fus la plus silencieuse
de toutes celles qui firent le voyage jusqu’à ton port.

Les lubriques cérémonies sociales ne m’annoncèrent pas,
ni les sourdes cloches des réflexes ancestraux;
ma route était la musique sauvage des oiseaux
que lâchait dans les airs ma bonté en chemin.

Je ne fus portée par nuls navires croulant d’opulence,
et nuls tapis orientaux n’offraient mon corps;
Par dessus les navires mon visage apparaissait
sifflant dans la ronde simplicité des vents.

Je n’ai pas pesé l’harmonie des ambitions triviales
que promettait ta main pleine d’éclats :
j’ai seulement pesé sur le sol de mon esprit léger
le tragique abandon qu’occultait ton geste.

Ta dualité pérenne a marqué ma soif avide.
Tu ressemblais à la mer, résonnante et discrète.
Sur toi j’ai passé mes heures perdues.
Sur moi tu as passé comme le soleil sur les pétales.

Et j’ai marché dans la brise de ta douleur déchue
avec la tristesse ingénue de me savoir dans la certitude :
ta vie était une profonde remontée de sources inquiètes
courant en un immense fleuve blanc vers le désert.

Traduit de l’espagnol par E. Dupas

D’autres billets sont à lire sur le blog d’ Ingannmic ici et là.

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