L’enfant prodige
Est-il vrai que, passant la rive,
Je revois, là, notre maison,
Où, comme un étranger, j’arrive
Lourd de honte et pris d’un frisson,
J’étais parti, plein d’espérances
Tel de sa proie un pêcheur sûr
Et, rêvant de mêler aux danses,
Les propos des sages d’Assur
Et je réalisai mon rêve.
J’ai tout connu, j’ai tout appris
Délices des voluptés brèves
Art, sciences, discours, écrits.
Et j’ai dispersé l’héritage.
Vidant la coupe des poisons,
Tel un larron devenu sage,
Je gagnai le champ des moissons.
Mon âme éprouva l’apaisante
Solitude des calmes nuits
.L’herbe que la rosée argente
Fut comme un baume à ses ennuis.
Or, voici qu’à jamais fermée
Notre maison s’offre à mes yeux,
Blanche, où s’élève une fumée,
Près de la rivière aux flots bleus
Où, durant une enfance gaie,
Je présidais à mon destin,
Fortune par moi prodiguée
Vie, à ton splendide festin.
Oh ! s’il m’était encor possible,
Face à face avec l’univers
,De le regarder, impassible,
Fondu dans ses courants divers !
N. Brioussov

Très joli poème, un grand merci pour cette participation !
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⭐🌟⭐🌟⭐
Merci Claude pour ce si beau poème.
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