Poésie d’Amérique Latine : Disons de Mario Benedetti ( Uruguay)

Mario Benedetti, né en 1920, est un écrivain uruguayen, romancier, dramaturge et poète. Universitaire et membre du Movimiento de Liberación Nacional – Tupamaros, la dictature militaire dans son pays l’a contraint à l’exil entre 1973 et 1983. Il a vécu ensuite en Espagne jusqu’en 2006, et résidait à Montevideo, capitale de son pays natal, jusqu’à sa disparition en mai 2009.

Digamos

1.
Ayer fue « yesterday »
para buenos colonos
mas por fortuna nuestro
mañana no es « tomorrow »

2.
Tengo un mañana que es mio
y un mañana que es de todos
el mío acaba mañana
pero sobrevive el otro.

Mario Benedetti
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Disons

1.
Hier fut « yesterday »
pour les bons colons
mais par bonheur notre
demain n’est pas « tomorrow »

2.
J’ai un lendemain à moi
et un lendemain qui appartient à tous
le mien s’achève demain
mais l’autre lendemain survit.

Mario Benedetti

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Poésie d’Amérique du sud : Fleur symbolique de Ana Isabel Illueca ( Panama)

À l’orchidée du Saint-Esprit, « fleur nationale ». Son nom au Panama, « La flor del Espíritu Santo« , fait aussi référence à sa ressemblance avec une colombe, le symbole religieux du Saint Esprit.

Es-tu fleur, ou bien un oiseau
qui, dans l’ombreuse frondaison,
avec des rayons de lune
et l’écume de la mer
construisit si fantastique
et pure allégorie
pour couver les rêves
dans un nid sans pareil ?

Es-tu fleur ou bien oiseau… ?
Te nourris-tu de fruits
ou les sucs de la terre
courent-ils par tes canaux ?
Embaumes-tu les fourrés
ou chantes-tu dans les arbres ?
Te pares-tu de pétales
ou de suaves plumes… ?

Fleur magicienne de mes forêts :
au milieu de la verte ramée,
cachée dans les bois
sombres et tropicaux,
tu surgis à la vie
avec des clartés de ciel coloré,
avec des blancheurs d’écume
et des parfums de feuilles…

Une auréole de lumières
diaphanes et brillantes,
comme la nacre que recèlent
nos mers limpides,
forme ton albe corolle
où se niche la gracile
colombe de l’Esprit
Saint aux ailes fragiles.

Fleur symbolique : tu es
sur les autels sacrés
de ma chère patrie
l’aimante émissaire
qui porte jusqu’à notre sol
des messages célestes…
C’est seulement ici que tu fleuris
comme un juste hommage
à une terre qui sait
accomplir de grandes missions.

Entre toutes, l’Isthme
te proclame souveraine,
capable de nous abriter
de tes ailes nivéales,
comme le font les indomptables
et gigantesques masses
qui, avec leur chanson de vagues,
bercent nos plages.

Fleur du Saint-Esprit,
orchidée immaculée :
depuis les vierges bosquets
couvrant les montagnes,
continue de nous prodiguer
tes corolles de nacre,
où s’est nichée
cette blanche colombe
qui couve les aspirations

de notre patrie bien-aimée.

Ana Isabel Illueca (1903 -1994 )

L’ombre de ce que nous avons été de Luis Sépulveda

Trois anciens amis se retrouvent un soir à Santiago , plus de trente ans après la lutte contre Pinochet qui les a conduits à mettre leur vie entre parenthèses, voir à s’exiler de nombreuses années. Ils attendent leur chef, le spécialiste, Pedro Nolasco, petit-fils d’un célèbre anarchiste syndicaliste. Ils sont bien décidés à reprendre du service et récupérer ce qui leur revient.

Le Spécialiste tarde, mais il ne viendra pas. Il a succombé Il a reçu sur la tête un vieux tourne-disque lancé lors d’une violente dispute conjugale entre Conceptión García et Coco Aravena.

Le ton est donné, un mélange de burlesque et d’utopie politique, un roman picaresque.

Pourtant, l’histoire du Chili est bien présente dans leurs mémoires, les exactions du gouvernement que les trois compères ont combattu, ne sont pas occultées, mais abordées de manière sobre et pudique. La lecture est facile, les personnages sont attachants et sincères, Une mention spéciale pour le passionné de cinéma à l’imagination débordante.

Un sujet grave est traité avec beaucoup d’humour, de nostalgie mais aussi d’optimisme.

Une lecture que je n’aurai certainement pas faite sans cette participation à ce mois. Merci à Ingannmic et à Goran.

Lu dans le cadre du mois consacré à la littérature latino-américaine.

Ashanti : Le Maître des Bois Sacrés de Marie-Christine Boni

Merci à Marie-Christine Boni pour l’envoi de ce livre.

Le Maître des Bois sacrés désigne le Léopard, symbole totémique du Pouvoir suprême détenu par l’Ashanti-héné : souverain de la Confédération Ashanti et véritable Dieu sur Terre.

En route pour l’Afrique, et plus exactement au Royaume de Koumassi, en Côte-de-l’Or (actuel Ghana), à la fin du XVIIème, début XVIIIème siècle. Nous allons suivre l’histoire d’Osséi Toutou , un futur roi, mais le sera-t-il ? Contraint à l’exil durant treize longues années, après son aventure amoureuse avec la nièce du roi de Dinkira. Le chemin pour accéder au trône est semé d’embûches. Osséï choisit la sagesse. Mais d’autres convoitent ce trône . Osséï devra affronter les forces du Mal, parviendra -t-il au trône ?

Ce livre nous fait revivre l’époque des grands royaumes Africains. Marie-Christine Boni ne se contente pas de raconter l’histoire de ce futur roi. Elle a introduit dans son récit toutes les traditions ancestrales de ce peuple, en y mêlant la haine, la cruauté, le sang . Elle nous fait revivre les fastes de ces grandes civilisations d’Afrique.

Je ne connaissais pas du tout l’Histoire de l’Afrique, j’ai suivi le fil de ce livre sans problème. J’ai cherché à en savoir plus sur ce peuple.

J’ai surtout admiré l’écriture de Marie-Christine Boni Elle présente un réel talent d’écrivain, ses mots sont choisis, son écriture est fluide et maitrisée. Son humour est bienveillant, ses recherches historiques sont fondées.

Je recommande ce livre, mais âmes sensibles s’abstenir.

Ce livre est auto-édité – Il est sorti le 28/02/2019 – EAN : 9782956718901 – 350 pages

Poésie d’Amérique du sud :La Poésie de Pablo Neruda ( Chili)

La Poesía

Y fue a esa edad … Llegó la poesía
a buscarme. No sé, no sé de dónde
salió, de invierno o río.
No sé cómo ni cuándo,
no, no eran voces, no eran
palabras, ni silencio,
pero desde una calle me llamaba,
desde las ramas de la noche,
de pronto entre los otros,
entre fuegos violentos
o regresando solo,
allí estaba sin rostro
y me tocaba.


Yo no sabía qué decir, mi boca
no sabía
nombrar,
mis ojos eran ciegos,
y algo golpeaba en mi alma,
fiebre o alas perdidas,
y me fui haciendo solo,
descifrando
aquella quemadura,
y escribí la primera línea vaga,
vaga, sin cuerpo, pura
tontería,
pura sabiduría
del que no sabe nada
y vi de pronto
el cielo
desgranado
y abierto,
planetas,
plantaciones palpitantes,
la sombra perforada,
acribillada
por flechas, fuego y flores,
la noche arrolladora, el universo.


Y yo, mínimo ser,
ebrio del gran vacío
constelado,
a semejanza, a imagen
del misterio,
me sentí parte pura

del abismo,
rodé con las estrellas,
mi corazón se desató en el viento.

Pablo Neruda

Pablo Neruda, Neftali Ricardo Reyes de son vrai nom, est né dans une famille modeste, d’un père conducteur de trains et d’une mère institutrice qui meurt un mois après sa naissance. Après une enfance imprégnée de nature, il commence à écrire dès son adolescence et publie son premier recueil de poésie, « Crépusculaire », en 1923. « Toupinoscope », les biographies de la Toupie


La Poésie

Et ce fut à cet âge… La poésie
vint me chercher. Je ne sais pas, je ne sais d’où
elle surgit, de l’hiver ou du fleuve.
Je ne sais ni comment ni quand,
non, ce n’étaient pas des voix, ce n’étaient pas
des mots, ni le silence:
d’une rue elle me hélait,
des branches de la nuit,
soudain parmi les autres,
parmi des feux violents

ou dans le retour solitaire,
sans visage elle était là
et me touchait.

Je ne savais que dire, ma bouche
ne savait pas
nommer,
mes yeux étaient aveugles,
et quelque chose cognait dans mon âme,
fièvre ou ailes perdues,
je me formai seul peu à peu,
déchiffrant
cette brûlure,
et j’écrivis la première ligne confuse,

confuse, sans corps, pure
ânerie,
pur savoir
de celui-là qui ne sait rien,
et je vis tout à coup
le ciel
égrené
et ouvert,
des planètes,
des plantations vibrantes,
l’ombre perforée,
criblée
de flèches, de feu et de fleurs,
la nuit qui roule et qui écrase, l’univers.

Et moi, infime créature,
grisé par le grand vide
constellé,
à l’instar, à l’image

du mystère,
je me sentis pure partie
de l’abîme,
je roulai avec les étoiles,
mon cœur se dénoua dans le vent.

(Mémorial de l’île Noire, 1964)

Revue Sang Froid

Cette revue paraît tous les trimestres. Chaque trimestre, les 160 pages de la revue Sang froid vous plongent au cœur de la justice, de la police mais aussi du “milieu” grâce à des articles fouillés .

Le polar est aussi à l’honneur avec, dans chaque numéro, une nouvelle spécialement écrite pour la revue par un auteur reconnu.Un dossier spécial est consacré aux 100 meilleurs polars américains.

Vous trouverez aussi des critiques de polars.

Kariba de Daniel Clarke

Je suis tout de suite entrée dans l’histoire, j’ai été séduite par Siku, cette enfant qui habite sur les rives du fleuve Zambèze. Elle semble avoir une relation particulière avec les animaux. Elle est sans nouvelle de son père, depuis que celui-ci est parti travailler au grand barrage de Kariba, un chantier colossal qui recrute de la main-d’œuvre dans toute la région. Elle va partir avec Amadeo dont le père est l’ingénieur en chef du barrage. Elle va braver les dangers qui seront sur leur chemin, découvrira son secret de naissance.

Ce récit est captivant, cette épopée vise à faire connaître l’histoire de ce barrage et ses conséquences sur l’environnement. Les dessins sont sublimes et aident à la compréhension du texte, en montrant l’inquiétude des habitants proches du barrage.

L’histoire est engagée, elle va permettre de sensibiliser les jeunes aux dangers de la modernité face à l’environnement. La beauté des illustrations est un plaisir pour les yeux, direction l’Afrique du sud pour vivre une aventure hors du commun aux côtés de personnages inspirants et charismatiques. Et quand la magie s’invite entre les pages de cet album, le lecteur est ravi..

Daniel et James Clarke EAN : 9782344040546
240 pages
Éditeur : Vent d’Ouest (25/03/2020)

Poésie d’Amérique du sud

Je participe au mois de Février au mois du polar chez Sharon et au mois d’Amérique latine chez Goran et Ingamnic. Je débute par de la poésie.

Où ferons-nous la ronde ?

Où ferons-nous la ronde ?
La ferons-nous au bord de la mer ?
La mer dansera de toutes ses vagues,
tressant des fleurs d’oranger.
La ferons-nous au pied de la montagne ?
La montagne nous répondra :
Ce sera comme si les pierres du monde entier
Se mettaient à chanter.
Mieux, la ferons-nous dans la forêt ?
Des chants d’enfants et d’oiseaux
tresseront des baisers dans le vent.
Nous ferons une ronde infinie :
Nous irons la danser dans la forêt,
nous la ferons au pied de la montagne,
et sur toutes les plages du monde.

Gabriela Mistral

Gabriela Mistral (1889-1957), est une poète chilienne, contemporaine de Pablo Neruda, qu’elle a côtoyé en Europe.
Ses premiers poèmes, dont « Junto al Mar »(Au bord de la mer) sont publiés en 1904 dans un journal chilien local.
Son pseudonyme, Mistral est emprunté au poète provençal français Frédéric Mistral.
Elle reçoit en 1945 le Prix Nobel de Littérature.

Musique du Chili :