Le temps des arbres
Philippe Fiévet
Éditeur : Éditions du Rouergue (11/09/2019)


Le temps des arbres
Philippe Fiévet
Éditeur : Éditions du Rouergue (11/09/2019)
Pourquoi que je vis
Pourquoi que je vis
Pour la jambe jaune
D’une femme blonde
Appuyée au mur
Sous le plein soleil
Pour la voile ronde
D’un pointu du port
Pour l’ombre des stores
Le café glacé
Qu’on boit dans un tube
Pour toucher le sable
Voir le fond de l’eau
Qui devient si bleu
Qui descend si bas
Avec les poissons
Les calmes poissons
Ils paissent le fond
Volent au-dessus
Des algues cheveux
Comme zoizeaux lents
Comme zoizeaux bleus
Pourquoi que je vis
Parce que c’est joli
Boris Vian
Elle a incliné le cou, le visage déformé par les flocons épais qui se déposaient déjà sur le carreau. Elle a cherché son regard à travers le verre qui s’opacifiait de seconde en seconde, mais les lunettes noires l’ont empêchée de le trouver. Alors, elle s’est détournée vers le pont et elle a commencé à marcher en direction de la gare, son manteau ouvert claquant sur ses jambes face au vent glacial. Dans la voiture, le son des feux de détresse rythmait sa progression comme le tic-tac d’une minuterie. Une femme qui arrivait en sens inverse s’est retournée sur elle. Elle a eu un temps d’arrêt, comme si elle doutait de ce qu’elle venait d’apercevoir. Il a vu un panache de vapeur sortir de la bouche de l’inconnue. Elle s’est figée d’horreur au moment où Myriam a laissé tomber son manteau dans la neige et a enjambé le parapet. Elle s’est précipitée vers elle en hurlant, mais il était trop tard. Après un dernier regard en direction de la voiture immobile, Myriam, entièrement nue, avait déjà sauté dans le fleuve.
MERCI à NetGalley et aux Éditions Pulp French pour ce partenariat.
J’ai retrouvé avec plaisir le couple d’enquêteurs couple d’enquêteurs Lisa Heslin et Daniel Magne . Je les avais rencontrés dans 7/13 .
Avant le premier chapitre, le lecteur est mis dans l’ambiance, l’auteur publie d’abord des chiffres, qui donnent froid dans le dos; » 219 000 femmes âgées de 18 à 75 ans subissent en moyenne et chaque année, des violences physiques et/ou sexuelles de leur partenaire, ancien ou actuel, 94 000 sont victimes de viol ou de tentative de viol, une seule sur 10 porte plainte, 91 fois sur 100, l’agresseur est une personne connue de sa proie, dans 47 % des cas, c’est le conjoint ou l’ex-conjoint, 3 victimes sur 4 déclarent avoir subi des actes répétés…. »
La thématique est annoncée, il n’y a plus qu’à se laisser porter par la plume de Jacques Saussey.
L’esprit de Daniel Magne est bien occupé, il reçoit à son travail une boîte de Pandore. Un copain de collège lui rappelle des souvenirs, qui va le ramener quarante ans en arrière. Il n’a rien oublié, Fanny, son amie a été assassinée, et son assassin est toujours en liberté. Il va reprendre l’enquête. Il ne dira rien à sa compagne. Il est obsédé par cette boîte et son contenu.
Lisa et Daniel sont un couple d’enquêteurs, qui ont adopté un petit garçon, Oscar. Avec eux, Sham, chienne berger allemand est très attachée à Lisa. Oscar subit les coups de ses camarades de collège.
Myriam fut la proie d’un prédateur. Il l’a conquise par son aura, sa musique. Il l’a complétement transformée, elle est devenue sa » chose « . Elle aura « du poison dans la tête « Et celui-ci va la détruire.Ludo, Fred et Ophélie, flics, vont mener l’enquête en dehors de toute procédure pour arrêter cet assassin.
Alexandra, roumaine est revenue en France, elle cache une terrible blessure.
Toutes ces histoires vont s’emboiter les unes dans les autres. Le rythme est soutenu. Les pages se tournent vite. On passe d’un récit à un autre. Cela entraîne des réflexions personnelles sur les sujets abordés.
Plusieurs thématiques, mais une revient la violence faîte aux femmes, il n’y a pas seulement les coups. mais celle qui ne se voit pas, celle qui s’infiltre dans le cœur de chacune. Celle-ci, elle fait bien plus de mal que les autres.
Ce livre peut se lire sans avoir lu les précédents. C’est le huitième opus avec Lisa et Daniel Magne. Je ne peux que vous le recommander.
Je vais l’ajouter à ma liste d’achat de la médiathèque.
Le poète
Je prendrai dans ma main gauche
Une poignée de mer
Et dans ma main droite
Une poignée de terre,
Puis je joindrai mes deux mains
Comme pour une prière
Et de cette poignée de boue
Je lancerai dans le ciel
Une planète nouvelle
Vêtue de quatre saisons
Et pourvue de gravité
Pour retenir la maison
Que j’y rêve d’habiter.
Une ville. Un réverbère.
Un lac. Un poisson rouge.
Un arbre et à peine
Un oiseau.
Car une telle planète
Ne tournera que le temps
De donner à l’Univers
La pesanteur d’un instant.
Gilles Vigneault
Balises, 1964
Pour accompagner ce poème, j’ai choisi cette musique. Bonne écoute et bonne semaine !
226 bébés : Flore Vesco
Illustrateur ; Stéphane Nicollet
Éditeur : Didier Jeunesse (25/09/2019)
ISBN: 9782278091843
Roman jeunesse; à partir de 8 ans
À 76 ans, Chrysostome, dit Bert, fraîchement retraité, coule des jours heureux dans sa maisonnette. Jusqu’au jour où son jardin, situé au-dessus d’un trafic aérien de cigognes, se retrouve envahi par… 226 bébés ! Adieu, calme et tranquillité. Or Bert ne compte pas se laisser enquiquiner par une tripotée de geignards. Ni une ni deux, il les installe dans une charrette et commence son périple. De village en bourgade, tous les moyens sont bons pour refourguer la marmaille : vente à la criée sur les marchés, adoptions par des princesses esseulées… Moins 1 bébé, moins 10 bébés, moins 20 bébés… Ouf ! Moins 225 bébés ! Au bout du compte, le vieillard solitaire et bougon se laissera-t-il attendrir ?
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Bert pensait avoir trouvé la tranquillité, il allait pouvoir vivre sereinement sa retraite dans une jolie petite maison. Mais il ne savait pas que sa maison se trouvait juste au-dessus d’un couloir aérien de passage de cigognes. Il a la surprise de découvrir, un, deux, trois ….226 bébés tombés du ciel. Mais que va -t’il faire de tous ces bébés?
Pas question de sacrifier sa vie, avec tous ces bébés, il les entasse dans une brouette, et s’en va par les chemins. Il est bien décidé de s’en débarrasser.
la plume de Flore Vesco est très drôle, de nombreux jeux de mots parsèment le livre. J’ai aimé retrouver les clins d’œil aux contes revisités, tels que Raiponce, Barbe Bleue, le loup .
On ne s’ennuie pas du tout.
Il s’agit ici d’un roman feuilleton des Incorruptibles, concept qui intègre des élèves de primaires dans le processus créatif d’un auteur.
En 1913, Camille a 8 ans. Ignorant tout de la tragédie historique qui s’annonce, elle vit les derniers mois de paix dans son village de Cassel-le-Château. Privée de sa mère morte en couches, elle est cependant choyée par son père et sa grand-mère et connaît une enfance heureuse et empreinte d’innocence.
Une nuit pourtant, une visite inattendue et fantastique vient bouleverser tout son univers. Bien malgré elle, Camille se retrouve investie d’une mission qui la dépasse : elle doit délivrer un message à l’humanité tout entière. Pour mener à bien sa tâche, elle peut compter sur le soutien de son ami Petit-Jacques, lui aussi embarqué dans cette aventure !
Entre roman initiatique et fantastique, découvrez le premier livre d’une fabuleuse saga en trois tomes !
L’auteur parlait de fantastique, ce n’est pas un sujet dont je suis fan, mais j’aime découvrir des styles nouveaux.
Malgré une préface importante, j’ai continué ma lecture jusqu’à la fin du livre. Plusieurs thèmes mélangés, un peu de fantastique, de religion. Les phrases sont longues, et des explications à n’en plus finir. L’histoire est invraisemblable.
Mais peut-être suis-je passée à côté de ce que l’auteur voulait transmettre. Pour moi, ce fut un échec . Exprimer un avis négatif ne signifie pas non respect à l’auteur , il y a un travail important, mais ce sera sans moi pour la suite de la saga.
Merci à NetGalley et aux éditions Librinova pour ce partenariat.
Du cœur de la pivoine
L’abeille sort –
Avec quel regret !
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Matsuo Bashõ
(1644–1695)
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Qu’il est digne d’admiration,
Celui qui, devant l’éclair,
Ne pense pas : – Que la vie est brève !
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Dans le vieil étang
Une grenouille saute
Un ploc dans l’eau.
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De temps en temps
Les nuages nous reposent
De tant regarder la lune.
Qu’est qu’un Haïku ?
Le haïku (俳句), terme créé par le poète Masaoka Shiki (1867-1902), est une forme poétique calligraphiée et très codifiée d’origine japonaise . Il s’agit d’un petit poème, extrêmement bref, visant à dire l’évanescence des choses. Encore appelé haïkaï (d’après le haïkaï no renga ou haïkaï-renga, forme antérieure plus triviale développée par Sōkan au XVe siècle) ou hokku (son nom d’origine), le haïku doit comporter une notion de saison (le kigo) et une césure (le kireji). Si le haïku n’indique ni saison, ni moment particulier, on l’appellera Moki ; et s’il a pour sujet les faiblesses humaines et non la nature, et qu’il est traité de manière humouristique ou satirique, on le nommera Senryū.
Les haïkus ne sont connus en Occident que depuis le début du XXe siècle. Les écrivains occidentaux ont alors tenté de s’inspirer de cette forme de poésie brève et ont la plupart du temps choisi de la transposer sous la forme d’un tercet de 5, 7 et 5 syllabes (bien que des libertés puissent être prises).
Une personne écrivant des haïkus est appelée haijin ou haidjin, et parfois également haïkiste.
Source : Eternels éclairs
L’ Automne
Voici venu le froid radieux de septembre :
Le vent voudrait entrer et jouer dans les chambres ;
Mais la maison a l’air sévère, ce matin,
Et le laisse dehors qui sanglote au jardin.
Comme toutes les voix de l’été se sont tues !
Pourquoi ne met-on pas de mantes aux statues ?
Tout est transi, tout tremble et tout a peur ; je crois
Que la bise grelotte et que l’eau même a froid.
Les feuilles dans le vent courent comme des folles ;
Elles voudraient aller où les oiseaux s’envolent,
Mais le vent les reprend et barre leur chemin
Elles iront mourir sur les étangs demain.
Le silence est léger et calme ; par minute
Le vent passe au travers comme un joueur de flûte,
Et puis tout redevient encor silencieux,
Et l’Amour qui jouait sous la bonté des cieux
S’en revient pour chauffer devant le feu qui flambe
Ses mains pleines de froid et ses frileuses jambes,
Et la vieille maison qu’il va transfigurer
Tressaille et s’attendrit de le sentir entrer.
Anna de Noailles (1876-1933)
Le coeur innombrable
Roman Policier
Mamie Luger
Benoît Philippon
“Si mon témoignage peut inciter des filles à ne pas faire de conneries et des bonhommes à être un peu moins cons, ce sera ma petite pierre laissée à l’attention de l’humanité.“
Roman
Murène
Auteur : Valentine Goby
Éditions : Actes Sud (21 août 2019)
ISBN 978 2 330 12536 3
384 pages
Hiver 1956. Dans les Ardennes, François, un jeune homme de vingt-deux ans, s’enfonce dans la neige, marche vers les bois à la recherche d’un village. Croisant une voie ferrée qui semble désaffectée, il grimpe sur un wagon oublié… Quelques heures plus tard une enfant découvre François à demi mort – corps en étoile dans la poudreuse, en partie calciné. Quel sera le destin de ce blessé dont les médecins pensent qu’il ne survivra pas ?
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Hiver 1956, François Sandre est un jeune homme plein de vie, il travaille sur des chantiers. Un jour, il doit rejoindre un ami dans les Ardennes, il marche dans la neige, puis aperçoit une voie ferrée, un wagon, il se hisse dessus, puis la neige, une ligne à haute tension, le drame.
Les médecins ont peu d’espoir, survivra-t-il ou non ? Ils vont devoir l’amputer d’un bras, puis du deuxième. Il n’est plus qu’un homme tronc. il va devoir subir de nombreuses souffrances, les moyens techniques de 56 ne sont pas les mêmes qu’actuellement. Une souffrance physique , mais aussi morale qu’il doit combattre chaque jour. Il est dépendant de tous, comment s’accepter tel quel. Il sombre de plus en plus.
Valentine Goby nous décrit la vie de François maintenant, ce qu’il peut faire, sans masquer ce qu’il n’est plus envisageable de faire, ( serrer une amie dans les bras). Il va falloir tout réapprendre, à accepter les regards des autres, ne pas s’isoler pour s’oublier un peu plus chaque jour.
Un rencontre particulière le motivera et lui permettra de reprendre goût à la vie et de poursuivre sa vie sereinement, une renaissance est possible.
Valentine Goby nous narre une histoire douloureuse de reconstruction. la plume est précise, d’une grande justesse. Ce récit nous invite à découvrir les prémices du handisport, et les premières associations sportives regroupant ces accidentés de la vie.
Un magnifique roman que nous propose Valentine Goby, une belle leçon de vie.