Le vigneron champenois
Le régiment arrive
Le village est presque endormi dans la lumière parfumée
Un prêtre a le casque en tête
La bouteille champenoise est-elle ou non une artillerie
Les ceps de vigne comme l’hermine sur un écu
Bonjour soldats
Je les ai vus passer et repasser en courant
Bonjour soldats bouteilles champenoises où le sang fermente
Vous resterez quelques jours et puis remonterez en ligne
Échelonnés ainsi que sont les ceps de vigne
J’envoie mes bouteilles partout comme les obus d’une
charmante artillerie
La nuit est blonde ô vin blond
Un vigneron chantait courbé dans sa vigne
Un vigneron sans bouche au fond de l’horizon
Un vigneron qui était lui-même la bouteille vivante
Un vigneron qui sait ce qu’est la guerre
Un vigneron champenois qui est un artilleur
C’est maintenant le soir et l’on joue à la mouche
Puis les soldats s’en iront là-haut
Où l’Artillerie débouche ses bouteilles crémantes
Allons Adieu messieurs tâchez de revenir
Mais nul ne sait ce qui peut advenir
Guillaume Apollinaire, Calligrammes, Poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916)
Hommage à Guillaume Apollinaire pour le 100 anniversaire de sa mort.(1880-1918).
C’est si beau et en même temps si dure, abject la réalité de cette guerre, de toutes les guerres d’ailleurs.. merci Claude !
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De rien, Frédéric. Je n’ai pas pris le temps de lire tes derniers billets.
Cette semaine, ma semaine devrait être moins chargée.
Bonne soirée et bonne semaine!
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Survivre au grand massacre pour mourir d’une grippe. Quel destin !
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Oui, triste destin..
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